Je ne cesserai donc pas de vénérer la matière à travers laquelle m'a été assuré le salut. Mais je ne la vénère absolument pas comme Dieu !
Comment pourrait être Dieu ce qui a reçu l'existence à partir du non-être ?...
Mais je vénère et respecte également tout le reste de la matière qui m'a procuré le salut, car pleine d'énergie et de grâces saintes.
Le bois de la croix trois fois bénie n'est-il pas matière? L'encre et le très saint livre des Evangiles ne sont-ils pas matière?
L'autel salvifique qui nous donne le Pain de vie n'est-il pas matière?....
Et, avant tout autre chose, la chair et le sang de mon Seigneur ne sont-ils pas matière?
Ou bien tu dois supprimer le caractère sacré de toutes ces choses, ou bien tu dois accorder à la tradition de l'Eglise la vénération des images de Dieu et celle des amis de Dieu qui sont sanctifiés par le nom qu'ils portent, et qui, pour cette raison, sont habités par la grâce de l'Esprit Saint. N'offense donc pas la matière: celle-ci n'est pas méprisable; car rien de ce que Dieu a fait n'est méprisable"
(saint Jean Damascène - Contra imaginum calumniatores, I, 16, ed; Kotter, pp. 89-90).
-"Nous voyons que, à cause de l'incarnation, la matière apparaît comme divinisée, elle est vue comme la demeure de Dieu. Il s'agit d'une nouvelle vision du monde et des réalités matérielles. Dieu s'est fait chair et la chair est devenue réellement demeure de Dieu, dont la gloire resplendit sur le visage humain du Christ. C'est pourquoi, les sollicitations du Docteur oriental sont aujourd'hui encore d'une très grande actualité, étant donnée la très grande dignité que la matière a reçue dans l'Incarnation, pouvant devenir, dans la foi, le signe et le sacrement efficace de la rencontre de l'homme avec Dieu. Jean Damascène reste donc un témoin privilégié du culte des icônes, qui deviendra l'un des aspects les plus caractéristiques de la théologie et de la spiritualité orientale jusqu'à aujourd'hui. Il s'agit toutefois d'une forme de culte qui appartient simplement à la foi chrétienne, à la foi dans ce Dieu qui s'est fait chair et s'est rendu visible. "
(Benoît XVI - Audience Générale du Mercredi 6 mai 2009)