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   René Rapin (1620-1687 

(L'Esprit du christianisme)

"Donner l'aumône par une pitié naturelle, être dévoué et bienfaisant par des sentiments humains, aimer ses amis, ses proches, sa famille, parce que la bienséance l'ordonne, bien vivre avec tout le monde, ce n'est qu'une charité de païen.
Les païens aiment ceux qui les aiment, ils considèrent, ils ménagent ceux qui les ménagent. C'est, si vous voulez, honnêteté, c'est bienséance, c'est inclination, c'est complaisance, c'est prudence, c'est politique, mais ce n'est point du tout charité.
La charité chrétienne ne sait ce que c'est que toutes ces distinctions et toutes ces préférences injustes des uns aux autres que fait la prudence de la chair, parce que le chrétien considère également Jésus Christ dans tous les frères, qu'il ne regarde jamais d'un oeil purement humain : la foi lui apprend que cet ignorant qu'il instruit, ce misérable qu'il soulage, ce pauvre à qui il donne du pain, c'est Jésus-Christ qui se trouve dans la personne du nécessiteux, comme le prince se trouve dans la personne de son ambassadeur. 

1252

  saint François de Sales  (1567-1622) 

(Vrais Entretiens sprituels)

"Il y en a qui demandent des croix, et il ne leur semble jamais que Notre Seigneur leur en donnera assez pour satisfaire à leur ferveur ! Moi, je n'en demande point, seulement je désire de me tenir prêt pour porter celles qu'il plaira à sa Bonté de m'envoyer, le plus patiemment et humblement que je pourrai. J'aimerai mieux porter une petite croix de paille que l'on me mettrait sur les épaules sans mon choix, plutôt que d'aller en couper une bien grande dans un bois avec beaucoup de travail, et la porter par après avec une grande peine ; et je croirais, comme il serait véritable, être plus agréable à Dieu avec la croix de paille qu'avec celle que je me serais fabriquée avec plus de peine et de sueur, parce que je la porterais avec plus de satisfaction pour l'amour propre qui se plaît tant à ses inventions ! " 

991

saint Vincent de Paul 
Vie de saint Vincent de Paul par Louis Abelly – volume 2 page 167
« Ayons confiance en Dieu, mais ayons-la entière et parfaite, et tenons pour assuré qu’ayant commencé son œuvre en nous, il l’achèvera ; car je vous demande, qui est-ce qui a établi la Compagnie ? qui est- e qui nous a appliqués aux missions, aux ordinands, aux conférences, aux retraites, etc. ? Est-ce moi ? Nullement. Est-ce M. Portail, que Dieu a joint à moi dès le commencement ? Point du tout, car nous n’y pensions point, nous n’en avions fait aucun dessein. Et qui est –ce donc qui est l’auteur de tout cela ? 
C’est Dieu, c’est sa providence paternelle et sa pure bonté. Car nous ne sommes tous que de chétifs ouvriers, et de pauvres ignorants ; et parmi nous, il y a peu ou point du tout de personnes nobles, puissantes, savantes, ou capables de quelque chose. C’est donc Dieu qui a fait tout cela, et qui l’a fait par telles personnes  que bon lui a semblé, afin que toute la gloire lui revienne. Mettons donc toute notre confiance en Lui, car si nous la mettons aux hommes, ou bien si nous nous appuyons sur quelque avantage de la nature ou de la fortune, alors Dieu se retirera de nous.
Cherchons uniquement Dieu, et Il nous pourvoira d’amis et de toute autre chose, en sorte que rien ne nous manquera. Voulez-vous savoir pourquoi nous ne réussissons pas dans quelque emploi ? C’est parce que nous nous appuyons sur nous-mêmes. Ce prédicateur, ce supérieur, ce confesseur, se fie trop à sa prudence, à sa science et à son propre esprit. Que fait Dieu ? Il se retire de lui, il le laisse là, et quoiqu’il travaille, tout ce qu’il fait ne produit aucun fruit, afin qu’il reconnaisse son inutilité, et qu’il apprenne par sa propre expérience que, quelque talent qu’il ait, il ne peut rien sans Dieu. »



476

St Augustin
De moribus Ecclesiae Catholicae 1,25,46
Bien vivre n’est autre chose qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son agir. On Lui conserve un amour entier (par la tempérance) que nul malheur ne peut ébranler (ce qui relève de la force), qui n’obéit qu’à Lui seul (et ceci est la justice), qui veille pour discerner toutes choses de peur de se laisser surprendre par la ruse et le mensonge (et ceci est la prudence).

472

Ste Thérèse d’Avila
Le Chemin de la perfection, 69, 1
Et suivez ce conseil qui ne vient pas de moi mais de votre Maître : efforcez-vous de cheminer dans l’amour et la crainte. Je vous affirme que l’amour vous fera presser le pas, et que la crainte vous fera regarder où vous devez poser les pieds pour ne pas tomber. Avec ces deux choses, il est sûr que vous ne vous tromperez pas.



400

Bible - Ancien Testament
Job 12, 7-13
Mais, de grâce, interroge les bêtes, et elles t'instruiront, les oiseaux du ciel, et ils te l'apprendront ; ou bien parle à la terre, et elle t'enseignera ; les poissons même de la mer te le raconteront. 
Qui ne sait, parmi tous ces êtres, que la main du Seigneur a fait ces choses, qu'Il tient dans sa main l'âme de tout ce qui vit, et le souffle de tous les humains ?
L'oreille ne discerne-t-elle pas les paroles, comme le palais savoure les aliments ?
Aux cheveux blancs appartient la sagesse, la prudence est le fruit des longs jours.
En Dieu résident la sagesse et la puissance, à lui le conseil et l'intelligence.

318

Ste Catherine de Sienne
Le Dialogue, chap. 9
Les œuvres douces et saintes que je réclame de mes serviteurs sont les vertus intérieures d’une âme éprouvée, plutôt que les vertus qui s’accomplissent au moyen du corps, par les abstinences et les mortifications : ce sont là les instruments de la vertu plutôt que la vertu. Celui qui les emploie sans la vertu me sera peu agréable, et même, s’il les emploie sans discrétion en s’attachant d’une manière exagérée à la pénitence, il nuira véritablement à la perfection.
Le fondement de la perfection est l’ardeur de mon amour, une sainte haine de soi-même, une humilité vraie, une patience parfaite... C’est avec cette discrétion qu’on doit faire pénitence : la vertu est le but principal ; la pénitence n’est qu’un moyen pour l’atteindre, et il faut toujours l’employer dans la seule mesure du possible.

270

St Augustin
Commentaire du Sermon sur la Montagne, II, XX

Mais comme quelques-uns, bien que désireux d'obéir aux commandements de Dieu, pourraient être trompés par ce mot de simplicité, et s'imaginer que c'est chose coupable de cacher quelquefois la vérité, comme il l'est de mentir quelquefois, en sorte que, en révélant à ceux à qui ils s'adressent des choses que ceux-ci ne peuvent supporter, ils leur deviendraient plus nuisibles que s'ils ensevelissaient ces mêmes choses dans un éternel silence : pour obvier, dis-je, à cet inconvénient, le Seigneur a eu grand soin d'ajouter : « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, et que, se tournant, ils ne vous déchirent. » Le Seigneur lui-même, quoiqu'il n'ait jamais menti, nous fait cependant voir qu'il a caché certaines vérités, quand il dit : « J'ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les porter à présent. » Et l'Apôtre Paul : « Je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels. Comme à de petits enfants en Jésus-Christ, je vous ai abreuvés de lait, mais je ne vous ai point donné à manger, parce que vous ne le pouviez pas encore ; et à présent même vous ne le pouvez point, parce que vous êtes encore charnels. »

233

St Bernard
Homélie à la louange de la Vierge Marie, 4, 8-9
Pourquoi espérer d’une autre femme ce qui vous est offert ? Pourquoi attendre d’elle ce que nous allons voir s’accomplir par vous, pourvu que vous consentiez, que vous prononciez une parole ? Répondez vite à l’ange, ou plutôt, par l’ange au Seigneur. Répondez une parole et recevez la Parole, proférez votre parole et concevez la divine Parole, émettez une parole passagère et captez l’éternelle Parole. Pourquoi tarder, pourquoi craindre ? Croyez, confiez-vous, recevez ! Que votre humilité se fasse audacieuse, votre pudeur confiante ! Sans doute la simplicité virginale ne doit pas faire oublier la prudence, mais c’est ici, Vierge prudente, le seul cas où vous n’ayez pas à craindre la présomption si la pudeur vous commandait le silence, le zèle vous oblige plus encore à parler. Ouvrez, bienheureuse Vierge, votre cœur à la foi, vos lèvres à l’acceptation, vos entrailles au Créateur. Voici que le désiré de toutes les nations frappe à votre porte. Ah ! si, pendant que vous tardez, il allait passer, si vous deviez douloureusement vous remettre à la recherche de Celui qu’aime votre âme (Cantique V, 2-6). Levez-vous donc, courez, ouvrez. Levez-vous par la foi, courez par la dévotion, ouvrez par l’acceptation.

169

St Jérôme
Comment. sur St Matthieu II, p .221
J’ai eu peur et je suis allé cacher mon talent (Mt 25, 14-30).
La parole de l’Écriture "pour trouver des excuses à ses péchés" (Ps 140,4) s’applique vraiment aussi à ce serviteur : à la paresse, à la négligence, s’ajoute la faute d’insolence. Au lieu de confesser tout simplement son inaction, comme il l’aurait dû, de supplier le maître de maison, au contraire il l’accuse, prétend avoir agi avec prudence par peur de s’exposer à perdre le capital en cherchant à le faire fructifier.

118

St Grégoire le Grand
Règle pastorale, II, 9
Le pasteur doit savoir aussi que fréquemment les vices se donnent l’apparence des vertus. Par exemple l’avarice se déguise souvent en souci de l’épargne, tandis que la prodigalité se cache sous le faux nom de libéralité. L’indulgence excessive est estimée souvent bonté, et le déchaînement de la colère, vigueur du zèle spirituel. On prend souvent la précipitation pour la promptitude à exécuter, et la lenteur à agir pour la prudence de la sagesse. Il est donc indispensable que le guide des âmes soit très attentif à distinguer vertus et vices.

016

St Grégoire le Grand
Règle pastorale, I, 1
Personne n’a la prétention d’enseigner un art sans l’avoir appris par une étude soutenue. Dès lors, se charger sans formation du magistère pastoral, quelle témérité ! C’est l’art des arts que le gouvernement des âmes. Ignorerait-on que les blessures de l’esprit sont plus secrètes que des blessures aux entrailles ? Et cependant il arrive souvent que des hommes n’ayant aucune connaissance des enseignements de l’Esprit ne craignent pas de se présenter en médecins du cœur, alors qu’on aurait honte de passer pour médecin des corps si l’on ignorait les propriétés des préparations pharmaceutiques.

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)