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Cardinal Decourtray (1923-1994)
(Prière " Notre Père qui es aux Cieux, que ton Nom soit sanctifié, Toi pour qui mille ans sont comme hier")
« Notre Père qui es aux cieux, que ton Nom soit sanctifié, Toi pour qui mille ans sont comme hier, un jour qui s’en va, une heure dans la nuit. À l’aube de cette année que nos habitudes et nos rêves appellent nouvelle, apprends-nous la vraie mesure du temps qui fuit et des choses qui passent. D’âge en âge Tu as été notre refuge. Avant que naissent les montagnes, avant que Tu enfantes la terre et le monde, de toujours à toujours, Toi, Tu es Dieu. Garde-nous de galvauder Ton Nom trois fois Saint ! Toi, l’au-delà de tout, garde-nous de Te confondre avec nos mots, nos idées, nos solutions, nos inventions. Donne-nous de comprendre ton Amour davantage au cours de l’année qui commence ! Que ton Esprit brise et ouvre nos cœurs pour qu’ils Te donnent le Nom de Père. Qu’il dessille nos yeux pour qu’ils contemplent, dans la grisaille du temps qui s’écoule sans pitié, la trace de l’Amour qui ne passe pas, de la filiale et fraternelle née pour toujours de Ta miséricorde !
Que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Ton règne est déjà venu, il viendra, il vient ! Il vient partout où des hommes collaborent avec Toi à l’œuvre que Tu leur confies pour qu’elle devienne l’ébauche de la Jérusalem céleste ! Que tout au long de cette année se noue, à l’intime de nos fragiles amours, l’Alliance qui les purifie, les transfigure et les éternise dans le Royaume de Ton éternelle Tendresse ! Que brille pour nous, à chaque étape de notre recherche, assez de lumière pour stimuler notre marche vers le Royaume sans ombre ! Affermis au cœur de nos combats toujours recommencés l’assurance que, malgré les victoires répétées de la haine, de l’oppression et de l’égoïsme, l’effort humain pour établir, sur la terre comme au ciel, la paix, la liberté et le partage, prépare le Royaume inaltérable !
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous comme nous pardonnons. Donne-nous de désirer et de partager aujourd’hui la nourriture qui vient de Toi ! Donne-nous d’attendre l’aube de chaque jour comme une promesse du pain de vie, la vie temporelle et la vie éternelle !
Toi le Père prodigue qui ne Te lasse pas d’attendre le retour de Tes enfants perdus, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Toi qui nous pardonnes comme nous pardonnons, apprends-nous d’abord à pardonner comme Tu nous pardonnes ! C’est en servant ses frères dans l’humilité d’un extrême amour que ton Fils nous a manifesté le pardon qui nous ouvre l’accès du monde nouveau ; apprends-nous à pardonner comme Lui, pour que d’autres puissent découvrir à leur tour le chemin et la joie de ton Royaume !
Ne nous laisse pas succomber à la tentation mais délivre-nous du mal. Préserve-nous, par-dessus tout, de la tentation de refuser Ton pardon ! Préserve-nous de la suffisance des puissants, donne-nous l’espérance des pauvres ! En ces jours où Tes enfants se souhaitent du bonheur, libère-nous, Toi, Notre Père, du péché qui empoisonne la source de la vraie joie. Arrache-nous à l’emprise du Prince des Ténèbres : il est le père du mensonge, à l’œuvre partout où nous nous trompons les uns les autres. Il est l’ennemi de la vie, à l’œuvre partout où nous nous détruisons, parce que nous aimons le pouvoir, l’argent et la mort. Délivre-nous ! Ton Fils a brisé les chaînes de l’antique servitude ! Donne-nous de nous laisser saisir par Son Esprit pour que, dans ce monde assujetti à la fatalité, triomphe déjà la glorieuse liberté de Tes enfants ! Amen. »