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père Raniero Cantalamessa
Méditation, dimanche 5 novembre 2006
Un jour, l’un des scribes s’approcha de Jésus et lui demanda quel était le premier commandement de la loi. Jésus lui répondit en citant les paroles de la Loi « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », que nous avons entendues, et en faisant de ces paroles « le premier des commandements ». Mais Jésus ajouta immédiatement qu’il existe un deuxième commandement semblable à celui-ci, qui est : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Pour comprendre le sens de la question du scribe et de la réponse de Jésus, il faut tenir compte d’une chose. Dans le judaïsme au temps de Jésus il existait deux tendances opposées : d’une part la tendance à multiplier sans fin les commandements et les préceptes de la loi, en prévoyant des normes et des obligations pour les moindres détails de la vie, et de l’autre le besoin opposé de découvrir, au-dessous de ce monceau asphyxiant de normes, les choses qui comptent vraiment pour Dieu, l’âme de tous les commandements.
La demande du scribe et la réponse de Jésus s’insèrent dans cette recherche de l’essentiel de la loi, pour éviter de se perdre dans mille autres préceptes secondaires. Et c’est précisément cette leçon de méthode que nous devrions d’abord apprendre de l’Evangile de ce jour. Certaines choses dans la vie sont importantes mais pas urgentes (dans le sens que si on ne les fait pas, il ne se passe rien) ; d’autres en revanche sont urgentes mais ne sont pas importantes. Le risque que nous courons est de sacrifier systématiquement les choses importantes pour pouvoir répondre aux choses urgentes, souvent totalement secondaires.