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2465

        Wilfrid Stinissen o.c.d (1917-2013)
           (Dieu au fil des jours, Toulouse, Ed Carmel, 2016)
« Certains, désireux de recevoir l’Esprit Saint, prient expressément à cette intention. Ils participent peut-être à des réunions de prière, mais ils ne ressentent rien. Ils se plaignent alors de voir échouer toutes leurs tentatives et de ne rien obtenir de l’Esprit Saint...
À se plaindre ainsi, ils prouvent qu’en fait, ils ne désirent pas l’Esprit, mais une expérience « sensible » de Lui. Or, l’Esprit ne dépend pas de ce que nous ressentons […]
Plus tu t’établis dans une foi profonde et solide en ses promesses, plus tu fais « l’expérience » de Dieu. Mais cette expérience est plus profonde que sensible : Au lieu d’éprouver de temps à autre quelques sentiments fugaces de joie, tu entres dans la joie de Dieu, permanente et éternelle »  

2459

        pape François 
           (Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium du 24 novembre 2013 - #266 )
266. Cette conviction, toutefois, est soutenue par l’expérience personnelle, constamment renouvelée, de goûter son amitié et son message. On ne peut persévérer dans une évangélisation fervente, si on n’est pas convaincu, en vertu de sa propre expérience, qu’avoir connu Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître, que marcher avec lui n’est pas la même chose que marcher à tâtons, que pouvoir l’écouter ou ignorer sa Parole n’est pas la même chose, que pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en lui, ou ne pas pouvoir le faire n’est pas la même chose. Essayer de construire le monde avec son Évangile n’est pas la même chose que de le faire seulement par sa propre raison. Nous savons bien qu’avec lui la vie devient beaucoup plus pleine et qu’avec lui, il est plus facile de trouver un sens à tout. C’est pourquoi nous évangélisons. Le véritable missionnaire, qui ne cesse jamais d’être disciple, sait que Jésus marche avec lui, parle avec lui, respire avec lui, travaille avec lui. Il ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire. Si quelqu’un ne le découvre pas présent au cœur même de la tâche missionnaire, il perd aussitôt l’enthousiasme et doute de ce qu’il transmet, il manque de force et de passion. Et une personne qui n’est pas convaincue, enthousiaste, sûre, amoureuse, ne convainc personne.

2458

        Saint Jean-Paul II 
           (Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Europa du 28 juin 2003 - chapitre III - paragraphe 47 )
« Le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Lc 18, 8). La trouvera-t-il sur cette terre de notre Europe de vieille tradition chrétienne ? C'est une question ouverte qui indique avec lucidité la profondeur et le caractère dramatique de l'un des défis les plus graves que nos Églises sont appelées à affronter. On peut dire – comme le Synode l'a souligné – qu'un tel défi consiste souvent non pas tant à baptiser les nouveaux convertis qu'à conduire les baptisés à se convertir au Christ et à son Évangile: (81- Cf. Proposition 3a.) dans nos communautés, il faut se préoccuper sérieusement d'apporter l'Évangile de l'espérance à ceux qui sont loin de la foi ou qui se sont éloignés de la pratique chrétienne.

2420

        pape François
         ( Homélie du 19 avril 2020 - 2ème Dimanche de Pâques - Dimanche de la Miséricorde Thomas/ la miséricorde)
Dimanche dernier, nous avons célébré la résurrection du Maître. Aujourd’hui, nous assistons à la résurrection du disciple. Une semaine s’est écoulée, une semaine que les disciples, bien qu’ayant vu le Ressuscité, ont passée dans la peur, « les portes verrouillées » (Jn 20, 26), sans même réussir à convaincre de la résurrection l’unique absent, Thomas. Que fait Jésus face à cette incrédulité craintive ? Il revient, il se met dans la même position, « au milieu » des disciples et répète la même salutation : « La paix soit avec vous !» (Jn 20, 19.26). Il recommence tout depuis le début. 
La résurrection du disciple commence ici, à partir de cette miséricorde fidèle et patiente, à partir de la découverte que Dieu ne se lasse pas de nous tendre la main pour nous relever de nos chutes. Il veut que nous le voyions ainsi : non pas comme un patron à qui nous devons rendre des comptes, mais comme notre Papa qui nous relève toujours. Dans la vie, nous avançons à tâtons, comme un enfant qui commence à marcher mais qui tombe. Quelques pas et il tombe encore ; il tombe et retombe, et chaque fois le papa le relève. La main qui nous relève est toujours la miséricorde : Dieu sait que sans miséricorde, nous restons à terre, que pour marcher, nous avons besoin d’être remis debout. Et tu peux objecter : ‘‘Mais je ne cesse jamais de tomber !’’. Le Seigneur le sait et il est toujours prêt à te relever. Il ne veut pas que nous repensions sans arrêt à nos chutes, mais que nous le regardions lui qui, dans les chutes, voit des enfants à relever, dans les misères voit des enfants à aimer avec miséricorde. 
Aujourd’hui, dans cette église devenue sanctuaire de la miséricorde à Rome, en ce dimanche que saint Jean-Paul II a consacré à la Miséricorde Divine il y a vingt ans, accueillons avec confiance ce message. Jésus a dit à sainte Faustine : « Je suis l’amour et la miséricorde même ; il n’est pas de misère qui puisse se mesurer avec ma miséricorde » (Journal, 14 septembre 1937). Une fois, la Sainte a dit à Jésus, avec satisfaction, d’avoir offert toute sa vie, tout ce qu’elle possédait. Mais la réponse de Jésus l’a bouleversée : « Tu ne m’as pas offert ce qui t’appartient vraiment ». Qu’est-ce que cette sainte religieuse avait gardé pour elle ? Jésus « lui dit avec douceur » : ‘‘Ma fille, donne-moi ta misère’’ » (10 octobre 1937). Nous aussi, nous pouvons nous demander : ‘‘Ai-je donné ma misère au Seigneur ? Lui ai-je montré mes chutes afin qu’il me relève ?’’ Ou alors il y a quelque chose que je garde encore pour moi ? Un péché, un remords concernant le passé, une blessure que j’ai en moi, une rancœur envers quelqu’un, une idée sur une certaine personne… Le Seigneur attend que nous lui apportions nos misères, pour nous faire découvrir sa miséricorde. 
Revenons aux disciples ! Ils avaient abandonné le Seigneur durant la passion et ils se sentaient coupables. Mais Jésus, en les rencontrant, ne fait pas de longues prédications. À eux qui étaient blessés intérieurement, il montre ses plaies. Thomas peut les toucher et il découvre l’amour ; il découvre combien Jésus avait souffert pour lui qui l’avait abandonné. Dans ces blessures, il touche du doigt la proximité amoureuse de Dieu. Thomas, qui était arrivé en retard, quand il embrasse la miséricorde, dépasse les autres disciples : il ne croit pas seulement à la résurrection, mais à l’amour sans limites de Dieu. Et il se livre à la confession de foi la plus simple et la plus belle : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (v. 28). Voilà la résurrection du disciple : elle s’accomplit quand son humanité fragile et blessée entre dans celle de Jésus. Là, les doutes se dissipent, là Dieu devient mon Dieu, là on recommence à s’accepter soi-même et à aimer sa propre vie. 
Chers frères et sœurs, dans l’épreuve que nous sommes en train de traverser, nous aussi, comme Thomas, avec nos craintes et nos doutes, nous nous sommes retrouvés fragiles. Nous avons besoin du Seigneur, qui voit en nous, au-delà de nos fragilités, une beauté indélébile. Avec lui, nous nous redécouvrons précieux dans nos fragilités. Nous découvrons que nous sommes comme de très beaux cristaux, fragiles et en même temps précieux. Et si, comme le cristal, nous sommes transparents devant lui, sa lumière, la lumière de la miséricorde, brille en nous, et à travers nous, dans le monde. Voilà pourquoi il nous faut, comme nous l’a dit la Lettre de Pierre, exulter de joie, même si nous devons être affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves (cf. 1P 1, 6). 
En cette fête de la Miséricorde Divine, la plus belle annonce se réalise par l’intermédiaire du disciple arrivé en retard. Manquait seul lui, Thomas. Mais le Seigneur l’a attendu. Sa miséricorde n’abandonne pas celui qui reste en arrière. Maintenant, alors que nous pensons à une lente et pénible récupération suite à la pandémie, menace précisément ce danger : oublier celui qui est resté en arrière. 
Le risque, c’est que nous infecte un virus pire encore, celui de l’égoïsme indifférent. Il se transmet à partir de l’idée que la vie s’améliore si cela va mieux pour moi, que tout ira bien si tout ira bien pour moi. On part de là et on en arrive à sélectionner les personnes, à écarter les pauvres, à immoler sur l’autel du progrès celui qui est en arrière. Cette pandémie nous rappelle cependant qu’il n’y a ni différences ni frontières entre ceux qui souffrent. Nous sommes tous fragiles, tous égaux, tous précieux. Ce qui est en train de se passer nous secoue intérieurement : c’est le temps de supprimer les inégalités, de remédier à l’injustice qui mine à la racine la santé de l’humanité tout entière ! 
Mettons-nous à l’école de la communauté chrétienne des origines, décrite dans le livre des Actes des Apôtres ! Elle avait reçu miséricorde et vivait la miséricorde : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun » (Ac 2, 44-45). Ce n’est pas une idéologie, c’est le christianisme. 
Dans cette communauté, après la résurrection de Jésus, un seul était resté en arrière et les autres l’ont attendu. Aujourd’hui, c’est le contraire qui semble se passer : une petite partie de l’humanité est allée de l’avant, tandis que la majorité est restée en arrière. Et chacun pourrait dire : « Ce sont des problèmes complexes, il ne me revient pas de prendre soin des personnes dans le besoin, d’autres doivent y penser !’’. Sainte Faustine, après avoir rencontré Jésus, a écrit : « Dans une âme souffrante, nous devons voir Jésus crucifié et non un parasite et un poids… [Seigneur], tu nous donnes la possibilité de pratiquer les œuvres de miséricorde et nous nous livrons à des jugements » (Journal, 6 septembre 1937). Cependant, elle-même s’est plainte un jour à Jésus qu’en étant miséricordieux on passe pour un naïf. Elle a dit : « Seigneur, on abuse souvent de ma bonté ». Et Jésus a répondu : « Peu importe, ma fille, ne t’en soucie pas, toi, sois toujours miséricordieuse envers tout le monde » (24 décembre 1937). Envers tous : ne pensons pas uniquement à nos intérêts, aux intérêts partisans. 
Saisissons cette épreuve comme une occasion pour préparer l’avenir de tous. En effet, sans une vision d’ensemble, il n’y aura d’avenir pour personne. Aujourd’hui, l’amour désarmé et désarmant de Jésus ressuscite le cœur du disciple. Nous aussi, comme l’apôtre Thomas, accueillons la miséricorde, salut du monde. Et soyons miséricordieux envers celui qui est plus faible : ce n’est qu’ainsi que nous construirons un monde nouveau.

2411

        Pape François
         (Discours préparé par le Pape pour la rencontre de Carême avec les prêtres de Rome - 27 février 2020 - liturgie pénitentielle)
Première cause d’amertume: les problèmes avec la foi
«Nous espérions que c’était Lui», se confient l’un à l’autre les disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 21). Une espérance déçue est à l’origine de leur amertume. Mais il faut réfléchir: est-ce le Seigneur qui nous a déçus ou bien est-ce nous qui avons confondu l’espérance avec nos attentes? L’espérance chrétienne, en réalité, ne déçoit pas et n’échoue pas. Espérer n’est pas se convaincre que les choses iront mieux, mais que tout ce qui arrive a un sens à la lumière de Pâques. Mais pour espérer de façon chrétienne, il faut — comme l’enseignait saint Augustin à Proba — vivre une vie de prière substantielle. C’est là que l’on apprend à faire la distinction entre attentes et espérance. 
Or, la relation à Dieu — plus que les déceptions pastorales — peut être cause d’une profonde amertume. Parfois, il semble presque qu’Il ne respecte pas les attentes d’une vie pleine et abondante, que nous avions le jour de notre ordination. Parfois, une adolescence jamais terminée n’aide pas à passer des rêves à la spes. En tant que prêtres, peut-être sommes-nous trop «bien comme il faut» dans notre relation à Dieu et nous ne nous hasardons pas à protester dans la prière, comme le psalmiste, le fait en revanche très souvent — non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour notre peuple; parce que le pasteur porte aussi les amertumes de son peuple —; mais les psaumes ont été eux aussi «censurés» et nous avons du mal à faire nôtre une spiritualité de la protestation. Nous tombons ainsi dans le cynisme: mécontents et un peu frustrés. La véritable protestation — de l’adulte — n’est pas contre Dieu mais devant Lui, parce qu’elle naît justement de notre confiance en Lui: celui qui prie rappelle au Père qui il est et ce qui est digne de son nom. Nous devons sanctifier son nom, mais parfois, les disciples doivent réveiller le Seigneur et lui dire: «Tu ne te soucies pas de ce que nous sommes perdus?». Ainsi, le Seigneur veut nous impliquer directement dans son Royaume. Non comme des spectateurs, mais en participant activement. 
Quelle différence y a-t-il entre attentes et espérance? L’attente naît quand nous passons notre vie à sauver notre vie: nous nous donnons du mal à chercher des sécurités, des récompenses, des promotions… Quand nous recevons ce que nous voulons, nous avons presque l’impression que nous ne mourrons jamais, que ce sera toujours ainsi! Parce que c’est nous qui sommes le point de référence. L’espérance est au contraire quelque chose qui naît dans le cœur quand il se décide à ne plus se défendre. Quand je reconnais mes limites, et que tout ne commence pas et ne finit pas avec moi, alors je reconnais combien il est important d’avoir confiance. Le théatin Lorenzo Scupoli l’enseignait déjà dans son Combat spirituel: la clé de tout se trouve dans un double mouvement simultané: se méfier de soi, faire confiance à Dieu. J’espère non pas lorsqu’il n’y a plus rien à faire, mais quand je cesse de me donner du mal uniquement pour moi. L’espérance s’appuie sur une alliance: Dieu m’a parlé et m’a promis, le jour de mon ordination, que ma vie serait pleine, de la plénitude et avec la saveur des Béatitudes; certes avec des tribulations — comme celles de tous les hommes — mais belle. Ma vie a de la saveur si je vis Pâques, pas si les choses vont comme je le dis. 
Et ici, on comprend autre chose: il ne suffit pas d’écouter simplement l’histoire pour comprendre ces processus. Il faut écouter l’histoire et notre vie à la lumière de la Parole de Dieu. Les disciples d’Emmaüs surmontèrent leur déception quand le Ressuscité leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Ecritures. Voilà: les choses iront mieux non seulement parce que nous changerons de supérieurs, ou de mission, ou de stratégies, mais parce que nous serons consolés par la Parole. Le prophète Jérémie confessait: «Ta parole était mon ravissement et l'allégresse de mon cœur» (15, 16). 
L’amertume — qui n’est pas une faute — doit être accueillie. Elle peut être une grande occasion. Peut-être est-elle même salutaire, parce qu’elle fait sonner le signal d’alarme intérieur: attention, tu as pris tes sécurités pour l’alliance, tu es en train de devenir «sans intelligence et au cœur lent». Il y a une tristesse qui peut nous conduire à Dieu. Accueillons-la, ne nous mettons pas en colère contre nous-mêmes. Cette fois peut être la bonne. Même saint François d’Assise en a fait l’expérience, il nous le rappelle dans son Testament (cf. Sources franciscaines, n. 110). L’amertume se changera en une grande douceur, et les douceurs faciles, mondaines, se transformeront en amertume.

2394

    Maurice Zundel
     (
Silence, parole de vie, transcription d'une retraite donnée en 1959, Anne Sigier, 1990, p. 129.)
Selon Maurice Zundel, en demandant à Marie Madeleine de ne pas le toucher, Jésus indique qu'une fois la résurrection accomplie, le lien entre l'humanité et sa divine personne n'est plus physique, mais passe désormais par le lien de cœur et la communion eucharistique. « Il faut qu'Il établisse cet écart, il faut qu'elle comprenne (et avec Marie Madeleine, toute l'humanité) que la seule voie possible, c'est la Foi, que les mains ne peuvent atteindre la personne et que c'est du dedans, du dedans seulement, que l'on peut s'approcher de Lui.
De même, plus tard, lorsque l'apôtre Thomas tiendra à toucher les plaies de Jésus (et Il lui permettra de le faire à cause de son incrédulité première), Il lui déclarera néanmoins : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu », car « Il sait que cela ne sert de rien».

2387

    Charles Gay (1815-1892)
     (90e élévation)
"Un jour, dans votre histoire, ô Dieu, vous avez eu un tombeau sur la terre, et selon cette nature que vous nous aviez empruntée, justement pour y pourvoir et souffrir et mourir, ce tombeau vous a renfermé.
Ce corps n'était point du tout un cadavre ; car pour défait qu'il fût et déchiré par tant d'affreux supplices, ce corps ne subissait ni ne pouvait subir l'ombre d'une corruption. La mort avait bien eu licence de frapper Jésus d'un premier coup, et c'est Jésus même qu'elle avait reçu cette permission, mais, parce que là finissait sa fonction, là aussi s'arrêtait son pouvoir. La victime une fois immolée, le tombeau où on la déposait devenait un vrai Tabernacle.
Était-ce donc un lieu de mort que ce tombeau de Jésus ? Tout tombeau est un lieu de mort. Mais au fond, en réalité, pour la Foi qui est la vraie lumière, était-ce la vie ou la mort qu'abritait cette tombe ? C'était la vie, une vie silencieuse, si l'on veut, une vie cachée et comme semée, attendant son moment pour éclore et paraître au monde, mais c'était bien la vie, et quelle vie ! Une vie haute, pleine, royale, maîtresse absolue d'elle même, et qui, éclipsée trois jours pour l'avoir librement voulu, allait tout à l'heure éclater au dehors et peu à peu tout envahir, plus forte que le temps, plus vaste que l'espace, plus profonde que l'enfer.
Oui, ce qui est mort en vous, ô mon Dieu, est plus vivant que tout le reste qui vit au ciel et sur la terre. Le grain de froment va refleurir en épi ; ce n'est pas même seulement un épi qu'il devient, c'est une moisson immense devant remplir la terre, persister jusqu'au dernier jour et nourrir divinement toute notre pauvre humanité.
Toute la vie de l'Eglise jusqu'à la fin des temps, toute vie surnaturelle donnée aux créatures, jaillit de ce rocher creusé où votre sacré corps a reposé trois jours : votre sépulcre est le grand baptistère où tous les enfants d'Adam se plongent, pour en renaître enfants de Dieu."

2373

    Saint Jean de la Croix
    (II MC 22,3-6)
« En nous donnant, comme il l’a fait, son Fils qui est son unique Parole, car il n’en a pas d’autre, il nous a tout dit en une seule fois par cette seule Parole et il n’a pas à parler davantage. (…) ‘Ce que Dieu a dit autrefois à nos pères par les prophètes, souvent et de bien des manières, maintenant en dernier lieu, et de nos jours, il nous a tout dit en une fois dans le Fils’ (He 1, 1-2). L’apôtre donne à entendre par là que Dieu est resté comme muet et qu’il n’a plus rien à dire car ce qu’il disait autrefois partiellement aux prophètes, désormais il l’a dit totalement en nous donnant le Tout qui est son Fils. 
Celui qui voudrait maintenant questionner Dieu ou demander quelque vision ou révélation ferait non seulement une sottise, mais encore injure à Dieu en ne regardant pas uniquement le Christ sans vouloir ni autre chose ni quelque nouveauté que ce soit. Et Dieu pourrait ainsi lui répondre : Puisque je t’ai déjà dit toutes choses en ma Parole qui est mon Fils et que je n’en ai pas d’autre, que puis-je maintenant te répondre ou te révéler qui soit plus que cela ? Ne regarde que lui, parce qu’en lui je t’ai tout dit et tout révélé et tu trouveras en lui encore plus que tout ce que tu demandes et désires. En effet, tu demandes des paroles et des révélations partielles et, si tu le regardes bien, tu trouveras tout en lui parce qu’il est toute ma parole et ma réponse, toute ma vision et toute ma révélation, tout ce que je vous ai déjà dit, répondu, manifesté et révélé en vous le donnant pour Frère, pour Compagnon et pour Maître, pour Prix et pour Récompense. 
Depuis le jour où je suis descendu sur lui avec mon Esprit, sur le mont Thabor, en disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me suis réjoui ; écoutez-le, j’ai abandonné toutes ces formes d’enseignement et de réponse et je les lui ai remises. 
Écoutez-le bien, lui, parce que je n’ai plus d’autre foi à révéler, ni d’autres choses à manifester. Si je parlais autrefois, c’était en promettant le Christ et, si l’on m’interrogeait, les questions concernaient la demande et l’attente du Christ en qui on devait trouver tout bien, ce que fait comprendre maintenant toute la doctrine des évangélistes et des apôtres. Mais à présent, celui qui me questionnerait de la même manière qu’autrefois et qui voudrait que je lui parle ou lui révèle quelque chose me demanderait en quelque sorte une nouvelle fois le Christ, me demanderait plus de foi, comme s’il en manquait en celle qui est déjà donnée dans le Christ. Il ferait grande injure à mon Fils bien-aimé car, non seulement il manquerait de foi en lui, mais encore il l’obligerait à s’incarner de nouveau et à passer de nouveau par sa vie et sa mort. 
Tu ne trouveras rien à demander ni rien à désirer de ma part en fait de révélations ou de visions. Toi, regarde-le bien car tu trouveras en lui tout cela, déjà accompli et donné, et même beaucoup plus. Si tu veux que je t’adresse quelque parole de consolation, regarde mon Fils : il m’est soumis, il est attristé et tout cela par amour pour moi ; tu verras tout ce qu’il te dira en retour. Si tu veux que je t’explique l’une ou l’autre chose cachée, regarde-le seulement et tu trouveras en lui les mystères les plus cachés, la sagesse et les merveilles de Dieu qui sont renfermées en lui, comme le dit mon Apôtre : dans le Fils de Dieu sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science de Dieu (Col 2, 5). Ces trésors de sagesse seront pour toi beaucoup plus élevés, savoureux et profitables que les choses que tu voudrais savoir. »

2365

    Saint Jean de la Croix
    (II MC 4,7)
« La foi est au-dessus de tout ce que l’âme peut comprendre, goûter, ressentir et imaginer. Si elle ne s’aveugle pas à tout cela, restant dans une obscurité totale, [l’âme] ne parviendra pas à ce qui est meilleur, à savoir ce qu’enseigne la foi. L’aveugle dont la cécité n’est pas totale ne se laisse pas facilement conduire par son guide. Pour si peu qu’il voie, il pense qu’il est mieux d’aller par le chemin qu’il aperçoit car il n’en voit pas de meilleur. Ainsi, imposant sa volonté, peut-il égarer celui qui le guide et qui voit mieux que lui. Il en est ainsi de l’âme en chemin : si elle prend appui sur son propre savoir ou sur ce qu’elle goûte ou connaît de Dieu (de toute façon, même si c’est beaucoup, c’est très peu et très différent de ce que Dieu est), elle s’égarera facilement ou s’arrêtera parce qu’elle ne veut pas rester complètement aveugle, dans la foi qui est son véritable guide. » 
Mosaïque du père Mardo Ivan Rupnik, directeur du centre Aletti à Rome.

2364

    Saint Jean de la Croix
    (II MC 4,7)
« De cette manière et dans l’obscurité, l’âme se rapproche beaucoup de l’union par le moyen de la foi qui, elle aussi, est obscure et qui lui donne ainsi une admirable lumière. (…) Par conséquent, sur ce chemin et en aveuglant ses facultés, l’âme doit voir la lumière ; c’est ce que dit le Sauveur dans l’Évangile : Je suis venu dans ce monde pour un discernement, afin que voient ceux qui ne voient pas et que deviennent aveugles ceux qui voient (Jn 9, 39), ce que l’on doit comprendre littéralement du chemin spirituel. Il convient de savoir que l’âme qui restera dans l’obscurité, fermant les yeux à toutes ses lumières personnelles et naturelles, verra surnaturellement, et celle qui aura voulu s’appuyer sur quelqu’une de ses lumières s’aveuglera d’autant plus et s’arrêtera sur le chemin de l’union. » 

2363

    Saint Jean de la Croix
    (II MC 4,6)
« Pour l’âme, cette excessive lumière de foi qu’on lui donne est obscure ténèbre parce que le plus l’emporte sur le moins et nous en prive. La lumière du soleil nous prive de toutes les autres lumières qui ne paraissent plus quand elle brille ; elle surpasse notre puissance visuelle, l’aveugle même et la prive de ce qu’elle pourrait voir dans la mesure où cette lumière est disproportionnée et excessive pour notre vue. De même la lumière de la foi, par son grand excès, accable et surpasse celle de l’intelligence car celle-ci n’a pour domaine que celui d’une faculté naturelle, bien qu’elle soit apte au surnaturel lorsque notre Seigneur voudra bien l’y élever. (…) La foi est une nuit obscure pour l’âme et, de cette manière, elle lui donne la lumière ; plus elle obscurcit l’âme et plus elle lui donne de lumière parce que c’est en aveuglant qu’elle la lui donne. (…) Cela fait clairement comprendre que l’âme doit être dans la ténèbre pour être éclairée sur son chemin. » 

2361

    Saint Jean de la Croix
    (II MC 4,5)
« Pour bien se laisser guider par la foi, l’âme doit non seulement tenir dans l’obscurité le domaine des sens, celui du créé et du temporel, mais encore aveugler et obscurcir le domaine de la raison qui a rapport à Dieu et au spirituel. En effet, pour qu’une âme parvienne à la transformation surnaturelle, il est évident qu’elle doit, les yeux fermés, prendre de la distance avec tout ce qui est propre à sa nature, tant sensible que rationnelle. » 

2360

    Saint Jean de la Croix
    (II MC 4,5)
« Si, à un aveugle de naissance qui n’a jamais vu aucune couleur, on explique comment est le blanc ou le jaune, quoi qu’on lui en dise il n’en comprendra rien parce qu’il n’a jamais vu de telles couleurs, ni rien qui leur ressemble pour lui permettre d’en juger : il lui restera leur nom parce qu’il a pu le percevoir par l’oreille, mais ni la nature ni l’aspect puisqu’il ne les a jamais vus. La foi agit de la même manière dans l’âme : elle nous dit des choses que nous n’avons jamais vues ni connues. » 

2356

    Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)
    (Dialogue CXI)
"Avec quel œil dois-tu regarder ce Mystère et le toucher ? L’œil du corps ne voit que la blancheur de ce pain, la main ne touche rien d'autre, le goût ne ressent que la saveur du pain. Ainsi les sens grossiers du corps sont-ils abusés, tandis que le sens de l'âme ne peut l'être sans qu'elle le veuille, c'est à dire sans qu'elle veuille éteindre par son infidélité la lumière de la très sainte foi.
C'est donc avec l’œil de l'intelligence de la foi que vous devez regarder ce Sacrement. Qui le touche ? La main de l'amour qui touche ce que l’œil de l'âme en a vu et connu. Le goût du corps goûte la saveur du pain, mais le goût de l'âme me goûte, moi (Jésus), Dieu et homme.
Tu vois donc que ce n'est pas seulement avec le sens du corps que vous devez recevoir et voir ce Sacrement, mais avec le sens spirituel ; vous devez disposer ce sens de l'âme avec amour pour voir, recevoir et goûter ce Sacrement. "

2331

    Concile Vatican II
    (Constitution Lumen Gentium)
"L'ensemble des fidèles, parce qu'ils ont reçu l'onction du Saint-Esprit (cf 1n 2, 20 et 27) ne peut pas errer dans la foi ; et il manifeste cette prérogative lorsque, depuis les évêques jusqu'au dernier des fidèles laïcs, il fait entendre son accord universel dans les domaines de la foi et de la morale." 

"les évêques, successeurs des apôtres, sont des docteurs authentiques, revêtus de l'autorité du Christ, qui prêchent au peuple commis à leur soin les vérités de foi à croire et à appliquer dans la pratique de la vie, qui éclairent ces mêmes vérités, à la lumière du Saint-Esprit, qui les font fructifier et veillent à écarter de leur troupeau les erreurs qui le menacent." (cf 2Tim 4, 1-4)

"Cette infaillibilité, le Pontife romain, chef du collège des évêques, la possède en vertu de son office lorsque, en sa qualité de pasteur et de docteur suprême de tous les fidèles qui confirme dans la foi ses frères, il proclame, en la définissant, une doctrine de foi ou de morale." 

2330

    Joseph de Beaufort (1635-1711)
    (Moeurs du Frère Laurent de la Résurrection)
Il nous a laissé l'Église, parlant par le corps de ses pasteurs, à qui Il a donné l'autorité d'expliquer et de proposer sa doctrine et de prescrire à chaque fidèle, dans la règle de la foi, la voie qui le sauve : la foi de l'Église, cette voie sûre qui tient l'âme dans une paix entière, qui ne lui laisse rien à désirer et qui fait toute sa consolation sur terre. La foi qu'elle nous enseigne est sûre, pleine , suffisante ; tenons-nous en là.

"Jésus Christ a enseigné à son Eglise tout ce qui lui était nécessaire, ou par lui-même ou par le Saint Esprit parlant par les apôtres, et c'est là où il faut remonter quand on veut trouver la sûreté. Si, par inquiétude et par curiosité, on s'abandonne à la conduite de quelque particulier qui s'écarte de la route commune ; si, en voulant suivre son goût, on préfère ses propres pensées à ce que l'Eglise propose : on s'expose librement au danger et on se fait compagnon de ceux qui s'égarent par une illusion volontaire. 

2329

        Jean-Nicolas Grou (1731-1803)
         (Manuel des âmes intérieures)

"La voie de foi est essentiellement une voie obscure, une voie où l'âme ne connaît rien par les lumières ordinaire de la raison. Il est donc évident que, dans une telle voie, ce n'est plus par nos réflexions que nous devons nous conduire, mais par les lumières de la foi et par le mouvement du Saint Esprit.
Il est essentiel que l'âme marche à l'aveugle, et qu'elle se repose sur Dieu du soin de la gouverner et de la conduire sûrement au terme, sans qu'elle sache où elle est, où elle va, où elle aboutira. Ainsi, tout raisonnement, toute prévoyance, tout examen, tout regard sur soi, est sévèrement interdit comme une infidélité, un écart hors de la voie, une tentation dont l'effet immanquable est de retirer l'âme de la conduite de Dieu."

2319

    Giovanni Battista Scaramelli (1687-1752)
    (Méthode de direction spirituelle, 3ème traité, art. 10, ch. 7 - Communion spirituelle)
« Toute personne pieuse doit d’abord concevoir un sincère repentir de ses péchés et purifier par cette douleur le tabernacle de son coeur, où elle désire recevoir et faire reposer le divin Sauveur. Ensuite elle fera un acte de foi vive sur la présence réelle de Jésus Christ dans cet auguste mystère. Puis elle considérera la grandeur et la majesté de ce Dieu caché sous le voile des Saintes Espèces : qu’elle réfléchisse à l’amour immense, à la grande bonté avec lesquels il désire s’unir à nous ; qu’elle jette aussi ses regards sur sa faiblesse et sa propre misère. Après ces considérations elle doit faire des actes d’humilité et de désir ; d’humilité, à la vue de sa propre indignité ; de désir, à cause de l’amabilité infinie de Dieu. Enfin, puisqu’il ne lui est pas donné de s’unir à son bon Sauveur par la réception réelle de l’Eucharistie, qu’elle s’en approche en esprit et s’unisse à lui par le doux lien d’un amour paisible et tranquille. Elle terminera la communion spirituelle en remerciant et en louant le Seigneur ; car, quoique Jésus-Christ ne soit pas descendu réellement dans son coeur, il était cependant bien disposé à cette union d’amour et la désirait avec toute l’ardeur de la charité. Elle lui demandera donc les grâces dont elle se reconnait indigne, et s’appliquera sérieusement à produire les actes qu’elle a coutume de faire après la réception de cette Nourriture divine. »

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    Saint Jean de la Croix
    ( Cantique Spirituel - 1, 11)
“Sachons-le bien, le Verbe, Fils de Dieu réside en compagnie du Père et de l’Esprit-Saint dans l’âme et Il y est caché, et c’est là que le vrai contemplatif doit Le chercher… Que peux-tu désirer encore? Que cherches-tu au-dehors puisque tu possèdes en toi-même le Bien- Aimé que tu poursuis de tes recherches ? Réjouis-toi…Adore-Le en toi-même et garde-toi de Le chercher au-dehors… travaille à rester bien cachée avec Lui » … (CSB 1.6-7-8 )“ Tu sais maintenant ce que tu as à faire pour trouver l’Epoux dans la retraite de ton cœur; cherche-Le dans la Foi et dans l’Amour…La Foi et l’Amour sont les deux guides d’aveugle qui te mèneront par des chemins inconnus de toi, jusqu’aux secrets abîmes de Dieu…La Foi joue le rôle des pieds qui portent l’âme vers Dieu; l’amour est le guide qui lui montre la route”. 

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    Saint Josémaria Escriva (1902-1975)
     (i>Sillon, /i>658)
Dieu est avec nous
Tâchons de ne pas nous leurrer… — Dieu n’est pas une ombre, un être lointain, qui nous crée puis nous abandonne ; ce n’est pas un maître qui s’en va et ne revient plus. Bien que nous ne le percevions pas avec nos sens, son existence est beaucoup plus vraie que celle de toutes les réalités que nous touchons et voyons. Dieu est ici, avec nous, Présent, Vivant : Il nous voit, Il nous entend, Il nous dirige, et Il contemple nos moindres actions, nos intentions les plus cachées.
Nous y croyons …, or nous vivons comme si Dieu n’existait pas ! puisque nous n’avons pour Lui ni une pensée, ni un mot ; puisque nous ne Lui obéissons pas, et que nous n’essayons pas de maîtriser nos passions ; puisque nous ne Lui exprimons pas notre amour, et que nous ne tâchons pas de réparer nos fautes…
— Allons-nous toujours vivre d’une foi morte ?


Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)