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Charles de Condren (1588-1641)
(Lettre 76)
"Nous devons aller à la Sainte Communion, d'abord pour que Jésus Christ soit en nous tout ce qu'il doit y être, et que y cessions nous-mêmes d'êtres ce que nous sommes.
Nous devons aller à la communion par obéissance au désir qu'à Jésus-Christ de nous recevoir en Lui dans son être et dans sa vie, et de nous faire devenir ce qu'Il est, c'est à dire Vie, Vérité, Amour et vertu pour Dieu. Nous devons encore y aller par obéissance à la volonté qu'Il a de nous avoir pour membres, dans lesquels Il puisse vivre pour son Père, et par lesquels Il continue sa Vie divine sur la terre.
Dans la Communion, Notre Seigneur se remplit de nous et y développe sa Vie et son être propre. Nous Lui faisons donc tort quand nous ne communion pas, tandis que rien ne nous empêcherait légitimement de le faire, un tort aussi réel que celui que nous ferions à l'âme de l'enfant auquel nous enlèverions sa nourriture, et que nous empêcherions ainsi de croître : car par là même nous lui ôterions la faculté de se développer et de se servir du corps dans toute l'étendue dont il était capable.
Et c'est ainsi que nos communions permettent l'extension universelle du sacrifice que Jésus Christ offre à son Père "pour la gloire de Dieu et le salut du monde :
L'âme qui a reçu le Fils de Dieu par la communion est vraiment un autel qui contient Jésus Christ et qui l'offre à Dieu continuellement, non seulement d'intention et de désir, comme on peut le faire sans le recevoir sacramentellement, mais réellement et en vérité en elle-même."