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père Marie Eugène de l'Enfant Jésus
(Bienheureux)
« Dieu est le but : que vous soyez actifs ou contemplatifs, dites-vous que c’est là l’essentiel. »
Saint Anselme (1033-1109)
( Prière : Ô Lumière souveraine et inaccessible, Tu es tout alentour de moi et je ne puis Te percevoir)
«« Mon âme, as-tu trouvé ce que tu cherchais ? Tu cherchais Dieu, et tu as trouvé qu'Il était supérieur à tous les êtres et tel qu'on ne peut rien penser de meilleur que Lui; qu'Il était la Vie même, la Lumière, la Sagesse, la Bonté, l'éternelle Béatitude et la bienheureuse Éternité; et qu'Il l'était toujours et partout.
Seigneur mon Dieu, qui m'as créé et racheté, réponds au désir de mon âme, en lui déclarant ce qui diffère en Toi de ce qu'elle a vu, afin qu'elle contemple à découvert l'objet de son désir. Elle s'applique à mieux voir et elle ne voit que ténèbres au-delà de ce qu'elle a vu; ou plutôt elle ne voit pas de ténèbres, car il n'y en a pas en toi, mais elle voit qu'elle ne peut voir davantage, bornée qu'elle est par ses propres ténèbres. Vraiment, Seigneur, elle est inaccessible, la Lumière où Tu habites. Nul autre que Toi, vraiment, ne peut pénétrer en cette Lumière, et là Te contempler à découvert.
C'est pour cela, en vérité, que je ne peux la voir: elle est trop éclatante pour ma vue. Et pourtant, tout ce que je vois, c'est grâce à elle que je le distingue, comme un oeil trop fragile voit, grâce au soleil, tout ce qu'il aperçoit, sans pouvoir cependant regarder le soleil lui-même. Mon intelligence demeure impuissante devant ta Lumière; elle est trop éclatante. L'oeil de mon âme est incapable de la recevoir, et il ne supporte même pas de rester longtemps fixé sur elle. Mon regard est blessé par son éclat, dépassé par son étendue; il se perd dans son immensité et reste confondu devant sa profondeur.
Ô Lumière souveraine et inaccessible ! Ô Vérité totale et bienheureuse ! Que Tu es donc loin de moi, et pourtant je suis si près de Toi ! Tu échappes presque entièrement à ma vue, tandis que je suis, moi, tout entier sous ton regard. En tout lieu rayonne la plénitude de ta Présence, et je ne te vois pas. C'est en Toi que j'agis et que j'ai l'existence, pourtant je ne puis atteindre jusqu'à Toi. Tu es en moi, Tu es tout alentour de moi, et je ne puis te percevoir.
Je t'en prie, mon Dieu, fais que je te connaisse, fais que je t'aime pour que ma joie soit en toi. Et si je ne le peux pleinement en cette vie, puissé-je du moins y progresser tous les jours, jusqu'à parvenir à la plénitude. Qu'en cette vie ta connaissance croisse en moi, et qu'elle soit achevée au dernier jour; que grandisse en moi ton amour et qu'il soit parfait dans la vie à venir, pour que ma joie, déjà grande ici-bas en espérance, soit alors achevée dans la réalité.
Seigneur Dieu, par ton Fils Tu nous as donné l'ordre, ou mieux, le conseil, de demander; et Tu as promis que nous serions exaucés, afin que notre joie soit parfaite. Je te fais, Seigneur, la prière que Tu nous suggères par Celui qui est notre Conseiller admirable. Puissé-je recevoir ce que Tu as promis par ta vérité, pour que ma joie soit parfaite. Dieu vrai, je te fais cette prière; exauce-moi pour que ma joie soit parfaite.
Que désormais ce soit la méditation de mon esprit et la parole de mes lèvres. Que ce soit l'amour de mon coeur et le discours de ma bouche, que ce soit la faim de mon âme, la soif de ma chair et le désir de tout mon être, jusqu'à ce que j'entre dans la joie du Seigneur, Dieu unique en trois Personnes, béni pour les siècles. Amen. »
»
Saint Jean Chrysostome (350-407)
(Homélie 84 sur Saint Jean)
"Ne nous contentons pas de lire l'histoire de la Passion du Sauveur : portons-la continuellement dans notre esprit et dans notre coeur ; ayons toujours présents à nos yeux la couronne d'épines, le manteau, le roseau, les soufflets, les coups qu'on lui a portés aux yeux, les crachats, les dérisions, les moqueries."
Saint Jean de la Croix
( Cantique Spirituel - 1, 11)
“Sachons-le bien, le Verbe, Fils de Dieu réside en compagnie du Père et de l’Esprit-Saint dans l’âme et Il y est caché, et c’est là que le vrai contemplatif doit Le chercher… Que peux-tu désirer encore? Que cherches-tu au-dehors puisque tu possèdes en toi-même le Bien- Aimé que tu poursuis de tes recherches ? Réjouis-toi…Adore-Le en toi-même et garde-toi de Le chercher au-dehors… travaille à rester bien cachée avec Lui » … (CSB 1.6-7-8 )“ Tu sais maintenant ce que tu as à faire pour trouver l’Epoux dans la retraite de ton cœur; cherche-Le dans la Foi et dans l’Amour…La Foi et l’Amour sont les deux guides d’aveugle qui te mèneront par des chemins inconnus de toi, jusqu’aux secrets abîmes de Dieu…La Foi joue le rôle des pieds qui portent l’âme vers Dieu; l’amour est le guide qui lui montre la route”.
Saint Jean de la Croix
(Cantique Spirituel B 2/31,4)
« L’âme qui aime Dieu véritablement est prête à tout pour rencontrer le Fils de Dieu, son Bien-Aimé. Déterminée pour réussir dans sa recherche, elle pratiquera les vertus et s’adonnera aux exercices de la vie active et contemplative… La vraie manière de chercher Dieu, c’est de faire le bien en Dieu et de lutter contre le mal en soi- même…Il faut pour trouver Dieu, un cœur libre et fort, dégagé de tout mal »
pape François
(Audience générale du 1er mai 2013 - portrait de saint Joseph - mois de mai consacré à la Vierge Marie - importance du travail ; de la solidarité - travail d'esclave - prière en famille - prière du Rosaire/chapelet)
Chers frères et sœurs, bonjour,
Aujourd’hui, premier mai, nous célébrons saint Joseph travailleur et nous commençons le mois traditionnellement consacré à la Vierge. Ainsi, au cours de notre rencontre, je voudrais m’arrêter sur ces deux figures si importantes dans la vie de Jésus, de l’Église et de notre vie, à travers deux brèves réflexions: la première sur le travail, la deuxième sur la contemplation de Jésus.
1. Dans l’Évangile de saint Matthieu, à l’un des moments où Jésus revient dans sa patrie, à Nazareth, et parle dans la synagogue, est souligné l’émerveillement des villageois face à sa sagesse, et la question qu’ils se posent : « Celui-là n’est-il pas le fils du charpentier ? » (13, 55). Jésus entre dans notre histoire, il vient parmi nous, en naissant de Marie par l’œuvre de Dieu, mais à travers la présence de saint Joseph, le père légal qui veille sur lui et lui enseigne également son travail. Jésus naît et vit dans une famille, dans la sainte Famille, en apprenant de saint Joseph le métier de charpentier, dans l’atelier de Nazareth, en partageant avec lui l’application, la fatigue, la satisfaction et également les difficultés de chaque jour.
Cela nous rappelle la dignité et l’importance du travail. Le livre de la Genèse rapporte que Dieu créa l’homme et la femme en leur confiant la tâche d’emplir la terre et de la soumettre, ce qui ne signifie pas l’exploiter, mais la cultiver et la préserver, en prendre soin à travers son travail (cf. Gn 1, 28 ; 2, 15). Le travail fait partie du dessein d’amour de Dieu ; nous sommes appelés à cultiver et à protéger tous les biens de la création et de cette façon, nous participons à l’œuvre de la création ! Le travail est un élément fondamental pour la dignité d’une personne. Le travail, pour utiliser une image, nous « oint » de dignité, nous remplit de dignité; il nous rend semblables à Dieu, qui a travaillé et travaille, qui agit toujours (cf. Jn 5, 17) ; il donne la capacité de gagner sa vie, de faire vivre sa famille, de contribuer à la croissance de sa nation. Et je pense ici aux difficultés que, dans divers pays, rencontre aujourd’hui le monde du travail et de l’entreprise ; je pense à ceux, et pas seulement les jeunes, qui sont au chômage, souvent à cause d’une conception purement économique de la société, qui recherche le profit égoïste, sans tenir compte des paramètres de la justice sociale.
Je désire adresser à tous l’invitation à la solidarité, et aux responsables des affaires publiques l’encouragement à faire tous les efforts pour donner un nouvel élan à l’emploi ; cela signifie se préoccuper de la dignité de la personne ; mais surtout, je voudrais dire de ne pas perdre l’espérance ; saint Joseph aussi a traversé des moments difficiles, mais il n’a jamais perdu confiance et a su les surmonter, dans la certitude que Dieu ne nous abandonne pas.
Et je voudrais également m’adresser en particulier à vous, garçons et filles, et à vous, les jeunes : appliquez-vous dans votre devoir quotidien, dans l’étude, dans le travail, dans les relations d’amitié, dans l’aide envers les autres ; votre avenir dépend également de la façon dont vous saurez vivre ces précieuses années de la vie. N’ayez pas peur des engagements, du sacrifice, et ne regardez pas l’avenir avec crainte ; gardez vivante l’espérance : il y a toujours une lumière à l’horizon.
J’ajoute encore un mot sur une autre situation de travail particulière qui me préoccupe : je veux parler ce que nous pourrions appeler le « travail esclave », le travail qui rend esclave. Combien de personnes, à travers le monde, sont victimes de ce type d’esclavage, où c’est la personne qui est au service du travail, tandis que ce doit être le travail à offrir un service aux personnes pour qu’elles aient une dignité. Je demande aux frères et sœurs dans la foi et à tous les hommes et femmes de bonne volonté un choix ferme contre la traite des personnes, où figure aussi le « travail esclave ».
2. J’évoque une seconde réflexion : dans le silence de l’action quotidienne, saint Joseph, avec Marie, n’ont qu’un seul centre d’attention : Jésus. Ils accompagnent et protègent, avec application et tendresse, la croissance du Fils de Dieu fait homme pour nous, en réfléchissant sur tout ce qui arrive. Dans les Évangiles, saint Luc souligne à deux reprises l’attitude de Marie, qui est aussi celle de saint Joseph : elle « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (2, 19.51).
Pour écouter le Seigneur, il faut apprendre à le contempler, à percevoir sa Présence constante dans notre vie ; il faut s’arrêter pour dialoguer avec Lui, lui faire une place avec la prière. Chacun de nous, vous aussi les garçons, les filles, les jeunes, si nombreux ce matin, devrait se demander : quelle place est-ce que je laisse au Seigneur ? Est-ce que je m’arrête pour dialoguer avec Lui ? Depuis que nous étions petits, nos parents nous ont habitués à commencer et à terminer la journée avec une prière, pour nous éduquer à sentir que l’amitié et l’amour de Dieu nous accompagnent. Souvenons-nous davantage du Seigneur pendant nos journées !
Et en ce mois de mai, je voudrais rappeler l’importance et la beauté de la prière du saint Rosaire. En récitant le Je vous salue Marie, nous sommes conduits à contempler les mystères de Jésus, et donc à réfléchir sur les moments centraux de sa vie, parce que, comme pour Marie et pour saint Joseph, Il est au centre de nos pensées, de nos attentions et de nos actions. Ce serait une belle chose si, surtout en ce mois de mai, l’on récitait ensemble en famille, avec les amis, dans la paroisse, le saint Rosaire ou quelque prière à Jésus et à la Vierge Marie ! La prière faite ensemble est un moment précieux pour rendre encore plus solide la vie familiale, l’amitié ! Apprenons à prier davantage en famille et comme famille !
Chers frères et sœurs, demandons à saint Joseph et à la Vierge Marie qu’ils nous enseignent à être fidèles à nos engagements quotidiens, à vivre notre foi dans les actions de chaque jour et à laisser plus de place au Seigneur dans notre vie, à nous arrêter pour contempler son visage. Merci.
Anonyme
(Sagesse Amérindienne)
Il fut un temps où la nature fortifiait l’homme, l’instruisait, guérissait ses blessures et lui procurait la force de vivre. Il était empli de compassion et d’amour maternel pour la terre. Il savait que le cœur de l’homme éloigné de la nature se dessèche et devient dur.Ce temps n’a pas disparu. Il est en toi, indestructible. Il suffit de modifier ton regard sur les choses, de faire taire le vacarme du monde et de retrouver la Parole du cœur.Aujourd’hui les vastes solitudes ont été peuplées par des villes puissantes. Mais les étoiles restent à la même place dans le ciel et le soleil se lève toujours.Apprends à contempler ce qui ne change pas, autour de toi, mais aussi à l’intérieur de toi-même, et tu retrouveras l’Unité perdue, la sagesse de l’Esprit et la santé du Corps…
Jean-Jérôme Baiole (1588-1653)
(Traité pour conduire les âmes)
"Il y a des marques pour connaître quand Dieu appelle à cette oraison contemplative ; en voici trois, tirée de l'expérience des saints :- La première est si l'on ne peut plus méditer ni agir avec l'imagination, et si on l'entreprend, ce n'est pas avec goût comme auparavant, mais avec beaucoup d'aridité et de travail.- La deuxième, si notre esprit n'a aucune affection ni inclination à considérer les objets crées et particuliers- La troisième, si notre esprit prend plaisir à être seul et en repos avec une attention amoureuse à Dieu, sans autre réflexion particulière, sans raisonner et sans autre exercice que la vue générale et amoureuse de Dieu. "
François Malaval (1627-1719)
(Pratique facile de la contemplation)
"Ce ne sont pas les choses qui nous troublent, mais nous qui nous troublons pour elles. Et nos mouvements ne nous emporteraient jamais au-delà de la raison si nous regardions toutes choses raisonnablement, c'est-à-dire avec la lumière de Dieu."
"Je vous enverrai l'Esprit Saint", nous a promis Jésus ; "Lui-même vous rappellera tout ce que je vous ai dit" (Jn 14, 26), L'Esprit de Vérité nous "rappelle les paroles" de Jésus. Qu'est-ce que cela signifie ? Quand nous contemplons les actions du Christ Jésus, ses mystères, il arrive qu'un jour telle parole, que nous avons maintes fois lue et relue sans qu'elle nous ait particulièrement frappés, prend tout à coup un relief surnaturel que nous ne lui connaissons pas auparavant. Cette parole divine, l'Esprit Saint, que la liturgie appelle "le doigt de Dieu", la grave, la burine dans l'âme ; elle y demeure toujours pour être une lumière et un principe d'action ; si l'âme est humble et attentive, cette parole divine y fait son oeuvre, silencieuse mais féconde."
"C'est pourquoi, celui qui demanderait maintenant à Dieu ou qui voudrait quelque vision ou révélation, non seulement ferait une sottise, mais ferait injure à Dieu, ne jetant pas entièrement les yeux sur le Christ, sans vouloir quelque autre chose ou nouveauté. Car Dieu lui pourrait répondre de cette manière disant : "Si je t'ai tout dit en ma Parole, qui est mon Fils, je n'en ai point d'autre que je te puisse maintenant répondre ou révéler qui soit davantage que cela : regarde-Le seulement parce que je t'ai tout dit et révélé en Lui, et tu y trouveras encore plus que tu ne demandes et plus que tu ne saurais souhaiter. Tu veux une parole ou une révélation qui n'est qu'en partie ; et si tu Le regardes bien, tu y trouveras tout ; parce qu'Il est toute ma parole et ma réponse, toute ma vision et toute ma révélation, laquelle je vous ai déjà parlée, répondue, manifestée et révélée vous Le donnant pour frère, pour compagnon, pour maître, pour prix et pour récompense."
"La sagesse du cœur réside dans la conjugaison de la contemplation et de l’action. Demandons la grâce d’aimer et servir Dieu ainsi que nos frères avec les mains de Marthe et le cœur de Marie... Si nous voulons goûter la vie avec joie, nous devons associer ces deux attitudes: d’une part "être aux pieds" de Jésus, pour l’écouter pendant qu’il nous révèle le secret de toutes choses; d’autre part, d’être attentifs et prompts à l’hospitalité, quand Il passe et frappe à notre porte, avec le visage de l’ami qui a besoin d’un moment pour restaurer ses forces et de fraternité."