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1975

      Sainte Catherine de Sienne 
(Les dialogues 63 - chapitre XXXV - Du moyen que doit employer l'âme pour parvenir à l'amour pur et libre)

Voilà donc l'âme entrée en elle-même. En suivant la doctrine du Christ crucifié, par un véritable amour de la vertu et par la haine du vice, elle est arrivée, à force de persévérance, à la cellule de la connaissance d'elle-même. Elle s'y tient recluse dans les veilles et les prières continuelles, complètement séparée de la conversation du siècle (Mt 6,6). Elle s'y est enfermée elle-même, par crainte, connaissant bien son imperfection, et par le désir qu'elle a d'atteindre à l'amour épuré et libre. Voyant et sachant bien qu'il n'est point d'autre moyen pour elle d'y parvenir, elle y attend, avec une foi vive, ma venue par un accroissement de grâce en elle.
Mais à quel signe reconnaître la foi vive? - A la persévérance dans la vertu, à l'application continuelle dans la sainte oraison, quoiqu'il arrive; car, à moins que l'obéissance ou la charité n'en fassent une obligation, l'on ne doit jamais quitter l'oraison.
Il n'est pas rare en effet, que le démon choisisse de préférence le temps de l'oraison, pour tourmenter l'âme et lui donner l'assaut. Il cherche ainsi à (217) lui inspirer l'ennui de la sainte prière. Cette oraison ne te vaut rien, lui souffle-t-il souvent; car dans la prière tu ne dois pas penser à autre chose, avoir d'attention à autre chose, qu'à ce que tu dis. Le démon lui insinue de semblables idées pour lui donner du dégoût, jeter la confusion dans son esprit, et l'amener à abandonner l'exercice de l'oraison. Car l'oraison est une arme avec laquelle l'âme se défend contre tous ses ennemis, quand elle est tenue par la main de l'amour et brandie par le bras du libre arbitre, dirigé par la lumière de la très sainte Foi (218).

1972

      Sainte Catherine de Sienne 
(Les dialogues - chapitre XXXV)

"O combien douce à l'âme et combien agréable à Dieu l'oraison sainte faite dans la cellule de la connaissance de soi-même et de Dieu, l’œil de l'intelligence grand ouvert aux lumières de la foi, le coeur tout rempli de l'abondance de la divine Charité."

1418

    Maurice Blondel 

"Le sens de la douleur, c'est de nous révéler ce qui échappe à la connaissance et à la volonté égoïste, c'est d'être la voie de l'amour effectif parce qu'elle nous déprend de nous et de nos tendances humaines pour nous donner à nos frères et nous donner à tous. "

987


Gaudium et spes n° 24
La constitution pastorale Gaudium et Spes « sur l'Eglise dans le monde de ce temps » est l'un des principaux documents de l"Eglise catholique issus du IIe concile œcuménique du Vatican. (appelé Concile Vatican II)
Nous touchons ici un des points clés de toute l’anthropologie chrétienne : La personne humaine ne peut « pleinement se reconnaître que par le don désintéressé d’elle-même »

581

Marthe Robin (1902-1981)
Extrait de son "journal"- 22 février 1930 (samedi)

Tous nos désirs, toutes nos prières, tous nos sacrifices, nos souffrances et nos intentions devraient avoir jour et nuit pour but unique, d’obtenir que le feu de l’amour s’allume dans tous les cœurs et que la douceur de sa grâce les fortifie et les console dans le bonheur comme dans le malheur.
Jésus a soif de donner son amour. Il a soif de le donner à tous.

Son Cœur adorable s’ouvre devant nous avec plus de compassion, plus de miséricordieuse tendresse que jamais. J’en ai la certitude, ayant entendu ces divines paroles il y a peu de jours dans l’oraison : « Ma fille, va, dis aux hommes combien je suis bon, pour ceux qui m’aiment et prodigue de mes bienfaits. Dis-leur à tous, mais surtout aux pécheurs, que je les aime, et que dans mon amour je n’ai véritablement pour eux que de la tendresse... Ils m’ont tant coûté.
Dis-leur aussi que je suis disposé à pardonner à tous ceux qui viennent à moi avec les dispositions requises : c’est-à-dire avec respect et humilité, quelle que soit l’énormité de leurs fautes, quel que soit le nombre de leurs péchés et le temps qu’ils ont vécu dans le péché ; pourvu qu’ils soient bien préparés à recevoir le pardon et bien disposés à recevoir l’absolution. » (.../...)
Je voudrais pouvoir dire à tous ceux qui, ayant le cœur droit, cherchent partout un introuvable bonheur, que le secret pour être toujours heureux, oui malgré toutes les souffrances et les adversités, se trouve caché dans l’Evangile, qu’il suffit de le chercher, que c’est là que leur sera révélé le grand commandement de l’amour, en même temps que la manière de le pratiquer, puisque c’est par la méditation du Texte sacré qu’ils apprendront à connaître et à aimer Celui dont la connaissance et l’amour suffisent – et bien au delà – à satisfaire les plus brillants génies et à rassasier les cœurs les plus affamés de bonheur
.

463

St Jean de la Croix
Montée du Carmel, 1,11
Qu'importe que l'oiseau soit retenu par un fil léger ou par une corde ? Le fil qui le retient a beau être léger, l'oiseau y reste attaché comme à la corde et, tant qu'il ne l'aura pas rompu, il ne pourra voler... Et cependant il suffirait d'un bon coup d'aile pour rompre le fil qui l'attachait.

376

St Augustin
Confessions, 10, 1, 1
Que je vous connaisse, intime connaisseur de l’homme ! que je vous connaisse comme vous me connaissez ! ( 1 Cor. 13, 12). Force de mon âme, pénétrez-la, transformez-la, pour qu’elle soit vôtre et par vous possédée sans tache et sans ride ! (Ephés. 5, 27). C’est là tout mon espoir, toute ma parole ! Ma joie est dans cet espoir lorsqu’elle n’est pas insensée. Quant au reste des choses de cette vie, moins elles valent de larmes, plus on leur en donne ; plus elles sont déplorables, moins on les pleure ! Mais, vous l’avez dit, vous aimez la vérité, Seigneur (Ps 50, 8) ; et celui qui l’accomplit vient à la lumière (Jean 3, 21) : qu’elle soit donc dans mon cœur qui se confesse à vous, qu’elle soit dans cet écrit qui me confesse à tous !

283

St Augustin
Homélie sur le Psaume 60, 2-3
Entends ma plainte, Seigneur, écoute ma prière. Des extrémités de la terre, je crie vers toi, parce que mon cœur est angoissé.
Dans son voyage ici-bas, notre vie ne peut pas échapper à l'épreuve de la tentation, car notre progrès se réalise par notre épreuve ; personne ne se connaît soi-même sans avoir été éprouvé, ne peut être couronné sans avoir vaincu, ne peut vaincre sans avoir combattu, et ne peut combattre s'il n'a pas rencontré l'ennemi et les tentations.
Il est donc angoissé, celui qui crie des extrémités de la terre, mais il n'est pas abandonné. Car le Christ a voulu nous préfigurer, nous qui sommes son corps, dans lequel il est mort, est ressuscité et monté au ciel ; c'est ainsi que la tête a pénétré la première là où les membres sont certains de pouvoir la suivre.
Il nous a donc transfigurés en lui, quand il a voulu être tenté par Satan. On lisait tout à l'heure dans l'évangile que le Seigneur Jésus Christ, au désert, était tenté par le diable. Parfaitement ! Le Christ était tenté par le diable ! Dans le Christ, c'est toi qui étais tenté, parce que le Christ tenait de toi sa chair, pour te donner le salut ; tenait de toi la mort, pour te donner la vie ; tenait de toi les outrages, pour te donner les honneurs ; donc il tenait de toi la tentation, pour te donner la victoire.
Si c'est en lui que nous sommes tentés, c'est en lui que nous dominons le diable. Tu remarques que le Christ a été tenté, et tu ne remarques pas qu'il a vaincu ? Reconnais que c'est toi qui es tenté en lui ; et alors reconnais que c'est toi qui es vainqueur en lui. Il pouvait écarter de lui le diable ; mais, s'il n'avait pas été tenté, il ne t'aurait pas enseigné, à toi qui dois être soumis à la tentation, comment on remporte la victoire.

529

De saint François de Sales * 

« Vous me demandez si une âme, ayant le sentiment de sa misère, peut aller à Dieu avec une grande confiance ?
Or, je réponds, que non seulement l'âme qui a la connaissance de sa misère, peut avoir une grande confiance en Dieu, mais qu'elle ne peut avoir une vraie confiance, qu'elle n'ait la connaissance de sa misère ; car cette connaissance et cet aveu de notre misère nous introduit devant Dieu.

Ainsi tous les grands saints, comme Job, David, et les autres, commençaient toutes leurs prières par la confession de leur misère ; de sorte que c'est une très bonne chose de se reconnaître pauvre, vil, abject, indigne de paraître devant Dieu.
Ce mot si célèbre parmi les anciens, "Connais-toi toi-même", encore qu'il s'entende de la grandeur et excellence de l'âme, pour ne la point avilir et profaner en des choses indignes de sa noblesse, il s'entend aussi de la connaissance de notre indignité, imperfection et misère ; d'autant que plus nous nous connaîtrons misérables, plus nous nous confierons en la bonté et miséricorde de Dieu : car entre la miséricorde et la misère il y a une liaison si grande, que l'une ne se peut exercer sans l'autre. Si Dieu n'eût point créé l'homme, il eût été vraiment tout bon, mais il n'eût point été actuellement miséricordieux, puisque la miséricorde ne s'exerce qu'envers les misérables.
Vous voyez donc que plus nous nous connaissons misérables, plus nous avons occasion de nous confier en Dieu, puisque nous n'avons rien sur quoi nous puissions nous appuyer pour nous confier en nous-mêmes. »


Saint François de Sales, La vraie et solide piété, II Par. ch. III § 7 (II. 5.), recueillie de ses lettres et de ses entretiens par Collot, disposés dans un ordre plus méthodique par un Supérieur de Séminaire, 2e édition, Lille, L. Lefort, 1852.

*François de Sales, né le 21 août 1567 au château de Sales près de Thorens-Glières1 en Savoie et décédé le 28 décembre 1622 à Lyon, est un prêtre catholique savoyard. Nommé évêque de Genève, il ne put jamais prendre possession de son siège devenu la "Rome des calvinistes" et resta en résidence à Annecy. Proclamé saint et docteur de l'Église il est liturgiquement commémoré le 24 janvier.

📷 "Le Retour du fils prodigue" est un tableau de Rembrandt, peint en 1668. Cette huile sur toile de grandes dimensions, est depuis 1766 conservée au musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg.

069

St Pio de Pietrelcina
Lettre au père Agostino de San Marco, 17-X-1915
Mon Père, que mon malheur est grand ! Qui pourra jamais le comprendre ? Je sais fort bien que je suis un mystère pour moi-même, je n’arrive pas à me comprendre. Vous m’écrivez que la vénérable sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus avait l’habitude de dire : Je ne veux décider ni de mourir ni de vivre ; mais que Jésus fasse de moi ce qu’il veut ! Je vois bien, hélas, que c’est la caractéristique de toutes les âmes dépouillées d’elles-mêmes et pleines de Dieu. Mais comme mon âme est loin d’un tel dépouillement ! Je n’arrive pas à refréner les élans de mon cœur ; pourtant, mon Père, je m’efforce de correspondre à ce que la vénérable sœur Thérèse disait, car cela devrait être la conviction de toute âme brûlante d’amour pour Dieu.
Je dois avouer que je n’y parviens pas, car cela signifie rester prisonnier d’un corps de mort. C’est le signe que je n’ai pas d’amour pour Dieu : si c’était le cas, en effet, puisqu’un est l’esprit qui vivifie, un aussi devrait en être l’effet. Comprenons-nous bien : si celui qui agit en moi était le même que celui qui agissait en sœur Thérèse, mon âme partagerait sa conviction. Or, dites-moi : n’ai-je pas raison d’en douter ? Pauvre de moi ! Qui délivrera mon cœur de cette torture ?

061

St Ambroise
Hexaméron, IX, 8, 50
Donc, connais-toi toi-même, ô belle âme : tu es l'image de Dieu. Connais-toi toi-même, ô homme : tu es la gloire de Dieu (1 Co 11, 7). Ecoute de quelle manière tu en es la gloire. Le prophète dit : ta sagesse est devenue admirable, car elle provient de moi(Ps 138, 6), c'est-à-dire que, dans mes œuvres, ta majesté est la plus admirable, ta sagesse est exaltée dans le cœur de l'homme. Alors que je me regarde moi-même, que tu scrutes mes pensées secrètes et mes sentiments profonds, je reconnais les mystères de ta science. Donc, connais-toi toi-même, ô homme, et tu découvriras combien tu es grand, et veille sur toi...

021

St Grégoire le Grand
Règle pastorale, III, 9
Il faut dire aux impatients que lorsqu’ils négligent de réfréner leur impétuosité ils sont entraînés à travers les abrupts d’injustices qu’ils ne cherchaient pas, parce que la fureur pousse l’âme là où ne l’attirait pas le désir, et que dans son transport elle agit comme inconsciente, ce dont ensuite, consciente, elle s’afflige. Il faut dire aussi aux impatients qu’en se précipitant sous la poussée de leur émoi, ils agissent souvent comme hors d’eux-mêmes, et dès lors, ont peine à se rendre compte du mal commis. En n’opposant aucune résistance à ce qui les trouble, ils dénaturent le bien même qu’ils avaient fait avec une âme tranquille, et ils détruisent, par leur aveugle impulsivité, tout ce qu’ils ont peut-être longuement construit par un clairvoyant labeur.

010

St Grégoire le Grand
Règle pastorale, III, 29
Il faut avertir ceux qui pleurent des péchés de pensée d’examiner avec soin, dans le secret de leur cœur, s’ils ont failli seulement par la complaisance éprouvée ou bien par consentement. D’ordinaire le cœur tenté éprouve à la fois un plaisir, du fait de la dépravation de la chair, et par la raison résiste à cette dépravation, si bien que dans le secret de l’esprit ce qui plaît contriste et ce qui contriste plaît. (...)
Nous avons appris par l’exemple de notre premier père que toujours le mal de la faute est perpétré selon trois degrés : la suggestion, l’attrait, le consentement. Le premier par l’ennemi, le second par la chair, le troisième par l’esprit. L’adversaire aux aguets suggère le mal, la chair se soumet à l’attrait et à la fin l’esprit, vaincu par l’attrait, consent. (...)
Ainsi nous avons connaissance du péché par la suggestion, nous nous laissons vaincre par l’attrait, nous nous lions par le consentement.

002

Ste Catherine de Sienne
Le Dialogue, chap. 4
Aucune vertu, ma fille, ne peut avoir la vie en soi, sinon par la charité, et par l’humilité qui est la mère nourricière de la charité. La connaissance de toi-même t’inspirera l’humilité, en te découvrant que par toi-même tu n’es pas, et que l’être tu le tiens de moi qui t’aimais, toi et les autres, avant que vous ne fussiez. C’est cet amour ineffable que j’eus pour vous qui, voulant vous créer à nouveau en grâce, me fit vous laver et régénérer dans le sang de mon Fils unique, répandu avec un si grand feu d’amour. C’est ce sang qui enseigne la Vérité à celui qui a dissipé la nuée de l’amour-propre par la connaissance de soi-même. Point d’autre moyen de la connaître.

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)