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2475 - Neuvaine au Saint-Esprit (à faire entre l'Ascension et Pentecôte)

Entre le temps de l’Ascension et de la Pentecôte, l’Eglise, en prière avec la Vierge Marie et les Apôtres, invite chaque fidèle à invoquer plus spécialement l’Esprit-Saint. La Sainte Écriture atteste que, durant les neuf jours qui séparent l’Ascension de la Pentecôte, les Apôtres « d’un seul cœur participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes, dont Marie, la Mère de Jésus » (Actes 1, 14), en attendant d’être « revêtus d’une force venue d’en haut » (Luc 24, 49). N’ayons pas peur de saisir les grandes grâces qui nous sont offertes en faisant cette neuvaine de Saint Alphonse de Liguori. 
Premier jour : Pour demander le don de Crainte de Dieu
Esprit-Saint, divin Consolateur ! Je vous adore comme mon vrai Dieu, ainsi que Dieu le Père et Dieu le Fils. Je vous offre mon cœur et vous rend de vives actions de grâces pour tous les bienfaits que vous avez répandus et que vous répandez sans cesse dans le monde. Vous qui êtes l’Auteur de tous les dons surnaturels et qui avez comblé d’immenses faveurs l’âme de la bienheureuse Mère de Dieu et de toute consolation, Marie, je vous prie de me visiter par votre grâce et de m’accorder le don de votre Crainte, afin qu’elle me serve de frein pour ne jamais retomber dans mes fautes passées, dont je demande mille fois pardon.
Un Pater, un Ave, et trois Gloria Patri. 
Deuxième jour : Pour demander le don de Piété
Esprit-Saint, divin Consolateur ! Je vous adore comme mon vrai Dieu, ainsi que Dieu le Père et Dieu le Fils. Je vous offre mon cœur et vous rend de vives actions de grâces pour tous les bienfaits que vous avez répandus et que vous répandez sans cesse dans le monde. Vous qui êtes l’Auteur de tous les dons surnaturels et qui avez comblé d’immenses faveurs l’âme de la bienheureuse Mère de Dieu et de toute consolation, Marie, je vous prie de me visiter par votre grâce et de m’accorder le don de Piété, afin que je puisse à l’avenir vous servir avec plus de ferveur, suivre avec plus de promptitude vos saintes inspirations, et observer plus exactement vos divins préceptes.
Un Pater, un Ave, et trois Gloria Patri. 
Troisième jour : Pour demander le don de Science
Esprit-Saint, divin Consolateur ! Je vous adore comme mon vrai Dieu, ainsi que Dieu le Père et Dieu le Fils. Je vous offre mon cœur et vous rend de vives actions de grâces pour tous les bienfaits que vous avez répandus et que vous répandez sans cesse dans le monde. Vous qui êtes l’Auteur de tous les dons surnaturels et qui avez comblé d’immenses faveurs l’âme de la bienheureuse Mère de Dieu et de toute consolation, Marie, je vous prie de me visiter par votre grâce et de m’accorder le don de Science, afin que je puisse bien connaître les choses de Dieu, et qu’éclairé par vos saintes instructions, je marche, sans jamais dévier, dans la voie de mon salut éternel.
Un Pater, un Ave, et trois Gloria Patri. 
Quatrième jour : Pour demander le don de Force
Esprit-Saint, divin Consolateur ! Je vous adore comme mon vrai Dieu, ainsi que Dieu le Père et Dieu le Fils. Je vous offre mon cœur et vous rend de vives actions de grâces pour tous les bienfaits que vous avez répandus et que vous répandez sans cesse dans le monde. Vous qui êtes l’Auteur de tous les dons surnaturels et qui avez comblé d’immenses faveurs l’âme de la bienheureuse Mère de Dieu et de toute consolation, Marie, je vous prie de me visiter par votre grâce et de m’accorder le don de Force, afin que je puisse surmonter courageusement toutes les attaques du démon et tous les dangers du monde, qui s’opposent au salut de mon âme.
Un Pater, un Ave, et trois Gloria Patri. 
Cinquième jour : Pour demander Le don de Conseil
Esprit-Saint, divin Consolateur ! Je vous adore comme mon vrai Dieu, ainsi que Dieu le Père et Dieu le Fils. Je vous offre mon cœur et vous rend de vives actions de grâces pour tous les bienfaits que vous avez répandus et que vous répandez sans cesse dans le monde. Vous qui êtes l’Auteur de tous les dons surnaturels et qui avez comblé d’immenses faveurs l’âme de la bienheureuse Mère de Dieu et de toute consolation, Marie, je vous prie de me visiter par votre grâce et de m’accorder le don de Conseil, afin que je puisse bien choisir tout ce qui est le plus convenable à mon avancement spirituel et découvrir tous les pièges et toutes les ruses de l’esprit tentateur.
Un Pater, un Ave, et trois Gloria Patri. 
Sixième jour : Pour demander le don d’Intelligence
Esprit-Saint, divin Consolateur ! Je vous adore comme mon vrai Dieu, ainsi que Dieu le Père et Dieu le Fils. Je vous offre mon cœur et vous rend de vives actions de grâces pour tous les bienfaits que vous avez répandus et que vous répandez sans cesse dans le monde. Vous qui êtes l’Auteur de tous les dons surnaturels et qui avez comblé d’immenses faveurs l’âme de la bienheureuse Mère de Dieu et de toute consolation, Marie, je vous prie de me visiter par votre grâce et de m’accorder le don d’Intelligence, afin que je puisse bien entendre les divins mystères, et, par la contemplation des choses célestes, détacher mes pensées et mes affections de toutes les vanités de ce misérable monde.
Un Pater, un Ave, et trois Gloria Patri. 
Septième jour : Pour demander le don de Sagesse
Esprit-Saint, divin Consolateur ! Je vous aime comme mon vrai Dieu, ainsi que Dieu le Père et Dieu le Fils. Je vous offre mon cœur et vous rend de vives actions de grâces pour tous les bienfaits que vous avez répandus et que vous répandez sans cesse dans le monde. Vous qui êtes l’Auteur de tous les dons surnaturels et qui avez comblé d’immenses faveurs l’âme de la bienheureuse Mère de Dieu et de toute consolation, Marie, je vous prie de me visiter par votre grâce et de m’accorder le don de Sagesse, afin que je puisse bien diriger toutes mes actions, en les rapportant à Dieu comme à ma fin dernière, de sorte qu’en l’aimant et en le servant comme je le dois en cette vie, j’ai le bonheur de la posséder éternellement en l’autre.
Un Pater, un Ave, et trois Gloria Patri. 
Huitième jour : Humble supplication
Esprit-Saint, divin Paraclet, Père des pauvres, Consolateur des affligés, Lumière des cœurs, Sanctificateur des âmes, me voici prosterné en votre présence ; je vous adore avec la plus profonde soumission et je répète mille fois, avec les Séraphins qui se tiennent devant votre trône : « Saint ! Saint ! Saint ! ». Je crois fermement que vous êtes éternel, procédant du Père et du Fils. J’espère que, par votre bonté, vous sanctifierez et sauverez mon âme. Je vous aime, ô Dieu d’amour ! je vous aime plus que tout ; je vous aime de toutes mes affections, parce que vous êtes une bonté infinie qui mérite seule tout amour ; et puisque, insensible à vos sainte inspirations, j’ai eu l’ingratitude de vous offenser par tant de péchés, je vous en demande mille pardons et je regrette souverainement de vous avoir attristé, ô Amour infini.
Un Pater, un Ave, et trois Gloria Patri. 
Neuvième jour : Offrande et invocations
Je vous offre mon cœur, tout froid qu’il est, et je vous supplie d’y faire entrer un rayon de votre lumière et une étincelle de votre feu, pour fondre la glace si dure de ces iniquités. Vous qui avez rempli d’immenses grâces l’âme de la Bienheureuse Vierge Marie, et enflammé d’un saint Zèle les Cœurs des Apôtres, daignez aussi embraser mon cœur. - Vinum non habent. Que la Bienheureuse Vierge Marie qui a obtenu le vin de l’Amour infini, nous obtienne le vin de l’Amour infini, qui enivra d’extases les Apôtres le saint jour de la Pentecôte. Que le Saint-Esprit, par Marie, suscite de nouveaux apôtres enivrés de l’amour de Jésus-Christ. Vous êtes un Esprit divin, fortifiez-moi contre les mauvais esprits ; vous êtes un Feu, allumez en moi le feu de votre amour ; vous êtes une lumière, faites-moi connaître les choses éternelles ; vous êtes une Colombe, donnez-moi des mœurs pures ; vous êtes un Souffle plein de douceur, dissipez les orages que soulèvent en moi mes passions ; vous êtes une Langue, enseignez-moi la manière de vous louer sans cesse ; vous êtes une Nuée, couvrez-moi de l’ombre de votre protection. Auteur de tous les dons célestes, ah ! Je vous en conjure, vivifiez-moi par votre grâce, sanctifiez-moi par votre charité, gouvernez-moi par votre sagesse, adoptez-moi pour votre enfant et sauvez-moi par votre infinie miséricorde, afin que je ne cesse jamais de vous bénir, de vous louer et de vous aimer, d’abord sur la terre pendant ma vie, et ensuite dans le Ciel durant l’éternité. - Ainsi soit-il !
Un Pater, un Ave, et trois Gloria Patri.
 
 

2471

        saint Augustin
           (Sermon pour l’Ascension, 98, 1-2 (PLS 2, 494-495)
L’Ascension du Seigneur
"Aujourd’hui notre Seigneur Jésus-Christ monte au ciel; que notre cœur y monte avec lui. Écoutons ce que nous dit l’Apôtre: Vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut: c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Le but de votre vie est en haut, et non pas sur la terre. De même que lui est monté, mais sans s’éloigner de nous, de même sommes-nous déjà là-haut avec lui, et pourtant ce qu’il nous a promis ne s’est pas encore réalisé dans notre corps.
Lui a déjà été élevé au-dessus des cieux; cependant il souffre sur la terre toutes les peines que nous ressentons, nous ses membres. Il a rendu témoignage à cette vérité lorsqu’il a crié du haut du ciel : Saul, Saul, pourquoi me persécuter? Et il avait dit aussi: J’avais faim, et vous m’avez donné à manger. Pourquoi ne travaillons-nous pas, nous aussi sur la terre, de telle sorte que par la foi, l’espérance et la charité, grâce auxquelles nous nous relions à lui, nous reposerions déjà maintenant avec lui, dans le ciel?
Lui, alors qu’il est là-bas, est aussi avec nous; et nous, alors que nous sommes ici, sommes aussi avec lui. Lui fait cela par sa divinité, sa puissance, son amour; et nous, si nous ne pouvons pas le faire comme lui par la divinité, nous le pouvons cependant par l’amour, mais en lui.
Lui ne s’est pas éloigné du ciel lorsqu’il en est descendu pour venir vers nous; et il ne s’est pas éloigné de nous lorsqu’il est monté pour revenir au ciel. Il était déjà là-haut, tout en étant ici-bas; lui-même en témoigne: Nul n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme, qui est au ciel. Il a parlé ainsi en raison de l’unité qui existe entre lui et nous: il est notre tête, et nous sommes son corps. Cela ne s’applique à personne sinon à lui, parce que nous sommes lui, en tant qu’il est Fils de l’homme à cause de nous, et que nous sommes fils de Dieu à cause de lui.
C’est bien pourquoi saint Paul affirme: Notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, bien qu’étant plusieurs, ne forment qu’un seul corps. De même en est-il pour le Christ. Il ne dit pas: Le Christ est ainsi en lui-même, mais il dit: De même en est-il pour le Christ à l’égard de son corps. Le Christ, c’est donc beaucoup de membres en un seul corps. Il est descendu du ciel par miséricorde, et lui seul y est monté, mais par la grâce nous aussi sommes montés en sa personne. De ce fait, le Christ seul est descendu, et le Christ seul est monté ; non pas que la dignité de la tête se répande indifféremment dans le corps, mais l’unité du corps ne lui permet pas de se séparer de la tête." 
Ascension - Giotto di Bondone

2429

        Anonyme
       (sur l'Ascension)
L’Ascension nous apprend d’abord à ne pas mettre la main sur Jésus. Le Christ échappe aux disciples, il échappe aussi à nos mainmises possessives et égoïstes. S’il esquive ainsi nos griffes, c’est pour nous obliger à croire en sa nouvelle manière d’être présent. L’Ascension nous découvre le sens profond de l’Eucharistie. Jésus n’a plus à être à nos côtés puisqu’il veut être en nous. Il n’a plus à être notre compagnon de route, puisqu’il est notre force pour marcher. Il n’a plus à être un copain que l’on peut embrasser et toucher, puisqu’il devient notre vie. Il n’a plus à être vu puisqu’il devient notre regard. Il n’a plus à être notre ami puisqu’il est devenu notre force d’aimer. Il n’a plus à être notre interlocuteur, puisqu’il est devenu notre parole, plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. Jésus monté aux cieux, nous plante solidement en terre. Nous sommes, désormais, son unique présence auprès de nos frères. Louis Evely disait : “Dieu nous laisse entre hommes. Pas moyen de le rencontrer autrement que par l’homme. Dieu est intérieur à l’homme et ne peut se manifester que par chacun d’entre nous. L’homme est donc seul responsable du silence ou de l’absence apparente de Dieu.”  Accueillons la joyeuse mission qui nous est donnée. « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création... ».L’Ascension du Seigneur est l’achèvement de son Incarnation. Saint Athanase, rappelait avec force que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu.» Par la venue du Fils de Dieu dans le monde, c’est tout le cosmos, tout le monde des vivants et tout le peuple des humains qui sont épousés par Dieu. En rentrant dans le sein du Père, mais avec tout son poids de chair et d’humanité, Jésus nous divinise. Il nous fait partager l’amour de Dieu. Le pape saint Léon écrit cette phrase lumineuse : « L’Ascension du Christ est notre promotion. » Dans ce grand corps que forme le Christ total, la tête est déjà dans les cieux. Les membres bénéficient déjà de ce bonheur divin dans laquelle elle baigne. C’est la fête de l’espérance. Car là où la tête est passée, là aussi le corps tout entier passera.
L'Ascension du Seigneur - Giotto di Bondone (1266 ou 1267 - 1337 à Florence (Italie) 

2311

    Marthe Robin
    (Journal - Conseils pour avancer dans la voie de la perfection )
25. Dieu nous place au pied de la sainte montagne de l’amour ! A nous d’en gravir les hauts sommets sur les pas du doux Jésus et de monter avec lui au Calvaire où l’âme transfigurée, victorieuse de la chair et des sens, est affermie dans l’amour du Dieu vivant.

1560

   Saint Augustin 
(Saint Augustin. - sermones post Maurinos reperti, éd. G. Morin, IX, p 620 )
Présent aux yeux du coeur.

"S'il était resté avec son corps parmi nous, nous aurions préféré les yeux de la chair aux yeux du coeur. Mais Lui, sachant quels yeux sont les meilleurs, s'est soustrait à nos yeux de chair, pour susciter la foi dans nos yeux du coeur.
C'est plus en effet, de croire dans le Christ, que d'avoir toujours son corps devant soi...
Quand nous croyons, Il est Présent aux yeux de notre esprit...
Que personne ne s'attriste qu'Il soit monté au ciel et qu'Il nous ait comme abandonnés !
Il est avec nous si nous croyons ; son habitation à l'intérieur de toi, est plus réelle que s'Il était en dehors de toi, devant tes yeux : si tu crois, Il est en toi.
Si tu recevais le Christ dans ta chambre, Il serait avec toi ; voici que tu Le reçois dans ton coeur et Il ne serait pas avec toi ? "

741

Marthe Robin
(« Chemin de Croix » éd. Les Foyers de Charité)

« Après la douloureuse agonie, la cruelle passion et la mort d’amour, Jésus repose sans âme et sans vie dans un sombre tombeau de pierre, mais pour s’éveiller bientôt vivant et glorieux, en parcourant toute la terre avant sa divine Ascension. Tout peut sembler perdu, et tout va être transfiguré par une résurrection glorieuse. »


711

Marthe Robin 

Pour la fête de l'Ascension - Méditation extraite de son « Journal » 
(Ascension – 5 mai 1932)
« Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père !… »
Seigneur, nous vous aimons !… Doux Seigneur Jésus, nous vous bénissons. Oui, mon Dieu, c’est vous que nous aimons, et non pas nous en vous ! Grande est notre joie en ce jour ! Si grande qu’en sont étouffées les douleurs de la séparation !
Notre joie est grande, parce que maintenant vous jouissez de la gloire infinie, assis à la droite du Père ! Notre joie est grande, parce que la malice humaine ne peut rien contre vous : cette gloire intime est inaltérable ! C’est pour toujours que Marie, votre sainte Mère, saint Joseph, le gardien et le protecteur de votre enfance, les anges et les bienheureux, chanteront l’éternel « Hosanna ».
Oui, soyez heureux, divin Jésus ! Votre corps mystique continue votre Passion : c’est assez pour nous de vous savoir heureux… infiniment heureux… à l’abri de la perversité de tant de vos créatures.
Le Seigneur est monté aux cieux au milieu des cris de joie. Il s’est élevé dans les airs au milieu des applaudissements d’une foule ahurie ! Alleluia, alleluia !…

Oui, il est juste, il est bon qu’avec vous et pour vous, je repasse par ce chemin de soupirs et de larmes où vous avez passé tout seul pour l’amour de <     >. Ô mon Bien-aimé, vous avez souffert pour moi et sans moi alors que, n’existant pas encore, je n’étais pas capable de souffrir. Aujourd’hui, c’est à votre tour de n’en être point capable. Votre gloire si abondamment méritée vous soustrait à la souffrance. Souffrez donc en moi désormais, mon Jésus, puisque je suis votre victime, et que durant tout le temps de ma formation surnaturelle je demeure passible comme vous, ô mon chef divin, l’avez été jusqu’à la mort.
Nous nous réjouissons donc, doux Seigneur Jésus, de votre ascension, parce que nous savons bien que là-haut, près de votre Père, vous ne souffrirez plus ; les hommes ne pourront plus vous crucifier !… Nous nous en réjouissons pour vous.
Cependant, vous avez voulu que les bienfaits de votre glorieuse Ascension rejaillissent aussi sur nous. Vous nous en donnez la ferme et consolante assurance en vous adressant à vos apôtres et, par eux, à toutes les âmes : « Si quelqu’un m’aime, dites-vous, mon Père l’aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure… Je prierai le Père et il vous donnera un autre consolateur, l’Esprit de Vérité, qui habitera chez vous, et sera en vous. » Que de merveilles sous ces mots ! Que d’infinies profondeur et simplicité !…

La grâce, l’Eucharistie, la communion, l’admission ineffable à l’éternelle vie de la Trinité… Voilà ce que Jésus, en disparaissant, a légué à ses apôtres ; à ses apôtres et à tous ceux « qui par eux croiront en lui !… » « Il vous est bon que je m’en aille. »
Ô Seigneur !… vous savoir au ciel nous suffit, et vous voulez que nous nous réjouissions encore des grâces du mystère de ce jour ?… Nous reconnaissons là une des preuves de votre inépuisable bonté pour nous. Montrez-nous, ô Maître bien-aimé, quelques-unes de ces richesses surnaturelles que vous nous offrez en cette fête ! Envoyez-nous votre divin Esprit, pour qu’au contact de votre Parole, nos intelligences s’illuminent, pour que nos coeurs s’enflamment et tout notre être se consume comme une torche vivante dans la prière et l’immolation perpétuelle, afin de racheter, par notre propre sanctification, les errements de l’humanité pécheresse, et de maintenir dans son sein un foyer d’amour toujours embrasé…
Par votre glorieuse Ascension, divin Jésus, fortifiez notre espérance ! Toute mon espérance est en vous, ô Jésus !

Qui pourrait me séparer de l’amour du Christ, mon Sauveur ?… Non, ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les puissances, ni le présent, ni l’avenir, ni la hauteur, ni l’abîme, ni aucune autre créature ne pourra me séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus Notre Seigneur !…
Votre glorieuse Ascension, ô doux Jésus, est aussi un précieux stimulant pour notre charité. Loin de nos yeux de chair, vous resterez cependant près de nos coeurs si nous sommes fidèles à la grâce. Vous nous arrachez en effet à la terre pour porter notre attention, toute notre attention, vers le ciel, et vous captivez nos coeurs.
Votre Ascension, Seigneur Jésus, ne nous arrache pas seulement à la terre pour nous placer dans le ciel : elle grandit aussi notre charité.

Les faibles amours réclament, il est vrai, pour vivre, la présence de l’objet aimé ; sinon, même sans être retenus par les préoccupations de la vie courante, ils finissent par disparaître. Il en est autrement des fortes passions qui s’affermissent dans la poursuite de l’objet aimé. Après une longue séparation, certaines affections connaissent une intensité nouvelle.
Qui dira, ô mon Bien-aimé, les désirs embrasés d’une âme follement éprise de vous, qui incessamment vous cherche, et dont la soif croît sans cesse, à plus vous semblez vous éloigner.
Sans doute, nous avons l’Eucharistie qui nous permet de posséder le Bien-aimé, mais que durent nos rencontres ? Les enivrements d’une vision sont fugitifs et si rares, et les heures d’obscurité si nombreuses.
Après chaque visite, vous me laissez avec une soif dévorante de votre adorable présence… et écrasée de bonheur, je me relève haletante, aspirant plus vivement encore à l’éternelle union.
Quand donc apaiserez-vous ma soif brûlante ?… Quand donc ne fuirez-vous plus devant mon âme qui vous cherche et qui agonise loin de vous ?…
« Je m’éloigne, me répondez-vous, pour aviver ton désir de me posséder, car plus ce désir sera grand, plus grandira ta capacité d’aimer, et plus tu me posséderas au ciel.
Je prends plaisir à me dérober aux âmes les plus chères, afin de les éprouver. Ainsi, je feins de t’abandonner ; mais ne t’afflige pas, ce n’est pas un châtiment, c’est une invention de ma tendresse pour te détacher entièrement des créatures et pour t’unir encore plus intimement à moi. »

Que de grâces vous m’offrez en cette fête de l’Ascension, ô mon Dieu ! Ô bon Jésus, merci ! Merci de bien vouloir me donner l’occasion d’aviver ma foi, de me rappeler que les enivrements de la vision ne sont pas pour la terre.
Merci de me faire connaître que je dois espérer avec confiance mon salut ! Merci enfin, de m’avoir arrachée si amoureusement à la terre pour que grandisse ma capacité d’aimer, jusqu’au jour sans couchant, où je ne vivrai plus que d’amour dans la Trinité.
Oui, Jésus, votre départ était bien utile à nos âmes.
Mais hélas ! quelle est bien souvent notre attitude devant ces grâces si libéralement présentées ? Est-ce que nous ne les avons pas laissé passer trop souvent, ces grâces de votre Ascension, ô mon Jésus ?…
Pensons-nous à développer notre foi ? Au lieu d’aspirer aux lumières extraordinaires, aimons-nous assez ces ombres qui rendent méritoires les conquêtes patientes de notre intelligence ?
Avons-nous pensé que nous sommes déjà au ciel par l’état de grâce et que nous pouvons espérer y aller un jour, puisque Jésus nous a pris avec lui, nous a assimilés à lui, et qu’il intercède en notre faveur auprès de son Père, qui est aussi notre Père ?
Avons-nous compris que l’intensité de la lumière de gloire sera proportionnée à la mesure de notre charité ici-bas, lorsque nous paraîtrons devant l’adorable Trinité ?… Avons-nous enfin le permanent souci d’agrandir notre capacité d’aimer ? Hélas ! que de défaillances à déplorer probablement, ô mon aimable Sauveur… Pardon, Seigneur ! Pardon pour moi et pour tous les hommes ! Je compte sur votre infinie tendresse : votre Ascension sera aussi pour moi source de joie. Avec votre divin secours, les grâces nombreuses que j’ai reçues à l’occasion de cette fête ne passeront pas inaperçues.

Oui, je compte sur votre divin secours : sans vous, je ne puis rien faire, et mes plus généreuses résolutions resteraient sans valeur et sans fruits, si elles n’étaient fécondées par la grâce.
Donnez-moi, Seigneur, donnez-moi surtout un ardent amour, et la flamme nécessaire pour remplir dignement ma sublime mission de porteuse de lumière et de chaleur. Que je sois sans cesse un petit brasier toujours ardent. Car si je mène une vie molle et languissante, votre glorieuse Ascension ne sera plus aussi salutaire à mon âme et à ma vie.

Votre éloignement apparent ne me permettra de développer les vertus déposées par vous dans mon âme, que si déjà une profonde et inaltérable charité m’anime tout entière ; sinon, avec le temps, votre divine présence, sans s’effacer jamais, resterait cependant en quelque sorte inopérante.
Donc, ô mon très doux Jésus, si je ne dois plus connaître ce feu intense qui consume sans brûler, qui dévore sans détruire… si je ne puis répéter avec la conviction d’un saint Paul : « Cupio dissolvi et esse cum Christo », du moins avec toute la force de ma volonté, avec toute la ferveur de ma tendresse, écrasée sous le poids de ma misère, de mon immense misère, et dans la vue des attraits qui sollicitent mon âme auxquels je ne puis renoncer, je vous demande de m’arracher à la vallée de mon néant, et à la vallée plus profonde encore de mon péché. Emportez-moi avec vous ! J’ai soif de vous, ô mon Dieu !… Venez… attirez-moi ! A tout prix je veux vous suivre : en méritant, en me donnant, en aimant… A tout prix, je veux vous rejoindre, non pas pour être plus heureuse – je le suis en vous – mais pour vous contempler, vous aimer et vous bénir sans fin.
 


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Benoît XVI 
Regina Cæli, 8 mai 2005 (VII Dimanche de Pâques)
Ascension du Seigneur
Aujourd’hui dans de nombreux pays, dont l’Italie, est célébrée la solennité de l’Ascension du Seigneur au Ciel. Lors de cette fête, la Communauté chrétienne est invitée à tourner son regard vers Celui qui, quarante jours après sa résurrection, à l’émerveillement des Apôtres « sous leurs regards, [...] s’éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux » (Ac 1, 9). Nous sommes donc appelés à renouveler notre foi en Jésus, l’unique véritable ancre de salut pour tous les hommes. En montant au Ciel, il a rouvert la voie vers notre patrie définitive, qu’est le paradis. A présent, par la puissance de son Esprit, il nous soutient dans notre pèlerinage quotidien sur la terre.




Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)