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      père Ranièro Cantalamessa
     (1ère prédication de Carême - 14 mars 2014) 
"Ce que l’on fait à l’extérieur est exposé au danger presqu’inévitable de l’hypocrisie. Le regard d’autres personnes a le pouvoir de faire dévier notre attention, comme certains champs magnétiques font dévier les ondes. L’action perd son authenticité et sa récompense. Le « paraître » prend le dessus sur l’ « être ». C’est pourquoi Jésus invite à jeûner et à faire l’aumône en cachette, à prier le Père « en secret » (cf. Mt 6, 1-4). L’intériorité est la voie qui conduit à une vie authentique."

2089

      père Ranièro Cantalamessa
     (1ère prédication de Carême - 14 mars 2014) 
"Que représente le cœur, dont on parle si souvent dans la Bible et dans le langage humain? En dehors du domaine de la physiologie humaine, où celui-ci n’est qu’un organe quoique vital de notre corps, le cœur est un lieu métaphysique, le plus profond d’une personne; c’est l’intime de chaque homme, là où chacun vit sa condition d’être humain, c’est-à-dire sa vie intérieure, par rapport à Dieu, dont il vient et en qui il trouve son but, par rapport aux autres hommes et à la création entière. Dans le langage commun aussi, le cœur désigne la partie essentielle d’une réalité. « Aller au cœur d’un problème » veut dire aller à sa partie essentielle, dont dépend l’explication de toutes les autres parties du problème.
Le cœur d’une personne indique aussi l’endroit spirituel, là où il est possible de contempler la personne dans sa réalité la plus profonde et la plus vraie, sans voiles, et sans s’arrêter à ses aspects marginaux. C’est sur le cœur que le jugement dernier de toute personne a lieu, sur ce qu’elle porte en elle et qui est source de sa bonté ou de sa méchanceté. Connaître le cœur d’une personne veut dire avoir pénétré le sanctuaire intime de sa personnalité, et ainsi connaître cette personne pour ce qu’elle est et sa vraie valeur.
Revenir au cœur signifie donc revenir à ce qu’il y a de plus personnel et d’intérieur en nous."

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      père Ranièro Cantalamessa
     (1ère prédication de Carême - 14 mars 2014 ) 
« La forme la plus nécessaire et la plus significative de jeûne, pour nous aujourd’hui, s’appelle sobriété. Se priver volontairement de petits ou de grands conforts, de ce qui est accessoire ou inutile, est communion à la Passion du Christ, et solidarité avec la pauvreté du plus grand nombre » 

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     père Ranièro Cantalamessa
       (3ème prédication de l'Avent 2019)
Une phrase d’Origène, reprise par saint Augustin, saint Bernard, par Luther et par d’autres dit : « A quoi me sert-il que le Christ soit né une fois de Marie à Bethléem, s’il ne naît pas aussi par la foi dans mon âme ? » (2). La maternité divine de Marie se réalise sur deux plans : sur un plan physique et sur un plan spirituel. Marie est mère de Dieu pas seulement parce qu’elle l’a porté physiquement en son sein, mais aussi parce qu’elle l’a conçu d’abord dans son coeur, par la foi. Il ne nous est pas possible, naturellement, d’imiter Marie dans le premier sens, en engendrant à nouveau le Christ, mais nous pouvons l’imiter dans le second sens, celui de la foi. Jésus lui-même a initié cette application à l’Eglise du titre de « Mère du Christ », quand il déclara : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique » (Lc 8, 21 ; Mc 3, 31 ss ; Mt 12, 49). 
(2) (Origène - commentaire de l’Évangile de Luc 22, 3 -  SCh, 87, p. 302)

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     père Ranièro Cantalamessa
homélie pour la Nativité de saint Jean Baptiste année C (24 juin 2002)

" Nous avons une idée très réductive et juridique de la personne, qui engendre une grande confusion dans le débat sur l’avortement. Il semble qu’un enfant acquière la dignité de personne au moment où les autorités humaines la lui reconnaissent. Pour la Bible, une personne est celle qui est connue de Dieu et que Dieu appelle par son nom ; et Dieu, nous est-il dit, nous connaît depuis le sein maternel, il nous voyait alors que nous étions « encore inachevés », dans le sein maternel. La science nous dit que l’embryon renferme tout l’homme en devenir, projeté dans les plus infimes détails ; la foi ajoute qu’il ne s’agit pas uniquement d’un projet inconscient de la nature mais d’un projet d’amour du Créateur. La mission de Jean-Baptiste est entièrement tracée avant sa naissance : « Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; car tu marcheras devant le Seigneur, pour lui préparer les voies ».
L’Eglise a estimé que Jean-Baptiste a déjà été sanctifié dans le sein maternel, par la présence du Christ ; c’est pour cette raison qu’elle célèbre la fête de sa naissance. Ceci nous donne l’occasion d’évoquer une question délicate, qui a pris aujourd’hui une importance particulière à cause des millions d’enfants qui, surtout en raison de la diffusion effrayante de l’avortement, meurent sans avoir reçu le baptême. Que dire de ces enfants ? Sont-ils eux aussi d’une certaine manière sanctifiés dans le sein maternel ? Il y a-t-il un salut pour eux ? 
Sans hésiter je réponds : bien sûr que le salut existe pour eux. Jésus ressuscité dit également d’eux : « Laissez venir à moi les petits enfants ». L’idée selon laquelle les enfants non baptisés étaient destinés aux Limbes, un lieu intermédiaire dans lequel on ne souffre pas mais dans lequel on ne jouit pas non plus de la vision de Dieu, s’est répandue à partir du Moyen-âge. Mais il s’agit d’une idée qui n’a jamais été définie comme vérité de foi de l’Eglise. Il s’agissait d’une hypothèse des théologiens qu’à la lumière du développement de la conscience chrétienne et de la compréhension des Ecritures, nous ne pouvons plus maintenir.
Cette opinion, que j’exprimai, il y a quelque temps, dans l’un de ces commentaires de l’Evangile, fut l’objet de réactions diverses. Certains exprimèrent de la reconnaissance pour cette prise de position qui leur ôtait un poids sur le cœur, d’autres me reprochèrent de donner trop de poids à la doctrine traditionnelle et de diminuer ainsi l’importance du baptême. La discussion est aujourd’hui close car récemment, la Commission théologique internationale, qui travaille pour la congrégation pour la Doctrine de la foi a publié un document affirmant précisément cela.
Il me semble utile de revenir sur ce thème à la lumière de cet important document pour expliquer certaines des raisons qui ont conduit l’Eglise à tirer cette conclusion. Jésus a institué les sacrements comme moyens ordinaires pour le salut. Ceux-ci sont donc nécessaires et celui qui, alors qu’il peut les recevoir, les refuse contre sa conscience ou les néglige, compromet sérieusement son salut éternel. Mais Dieu ne s’est pas lié à ces moyens. Il peut sauver également à travers des chemins extraordinaires, lorsque la personne, sans aucune faute de sa part, est privée du baptême. Il l’a fait par exemple avec les Saints Innocents, morts eux aussi sans baptême. L’Eglise a toujours admis la possibilité d’un baptême de désir et d’un baptême de sang, et tant de ces enfants ont vraiment connu un baptême de sang, même s’il est de nature différente… Je ne crois pas que la clarification de l’Eglise encourage l’avortement ; si c’était le cas, ce serait véritablement tragique et il faudrait se préoccuper sérieusement, non pas du salut des enfants non baptisés mais de celui des parents baptisés. Ce serait se moquer de Dieu. Cette déclaration donnera en revanche un peu de soulagement aux croyants qui, comme chacun, s’interrogent, effarés, sur le sort atroce de tant d’enfants dans le monde aujourd’hui."

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   Père Ranièro Cantalamessa

"dans le magazine Famille Chrétienne 1989, page 26"

"La fécondité de l'Eglise dépend de son amour pour le Christ. Le service le plus précieux que chacun de nous peut rendre à l'Eglise est donc celui d'aimer Dieu et de croïtre dans l'intimité avec Lui" -  

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père Raniero Cantalamessa
Méditation, dimanche 9 septembre 2007
Dans notre Evangile (Lc 14, 25-33), Jésus nous rappelle également quel est le banc d’essai et le signe de l’amour authentique pour lui : « prendre sa croix sur soi ». Prendre sa croix ne signifie pas partir à la recherche de souffrances. Jésus n’est pas non plus allé chercher sa croix ; il l’a prise sur lui, en obéissance à la volonté du Père, celle que les hommes lui mettaient sur les épaules et par son amour obéissant il a fait de cet instrument de supplice un signe de rédemption et de gloire. Jésus n’est pas venu augmenter les croix humaines mais leur donner un sens. Il a été dit très justement que qui cherche Jésus sans la croix trouvera la croix sans Jésus, c’est-à-dire qu’il trouvera également la croix mais sans la force pour la porter.

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père Raniero Cantalamessa
Première prédication de Carême, 9 mars 2007

L’hypocrisie est le péché que Dieu dénonce avec le plus de force tout au long de la Bible, et la raison de cela est claire. En faisant acte d’hypocrisie l’homme déclasse Dieu, le relègue au second plan, et place devant les créatures, le public. « Il ne s’agit pas de ce que voient les hommes, car ils ne voient que les yeux, mais Yavhé voit le cœur » (1 S 16, 7) : cultiver l’apparence plus que le cœur, signifie donner plus d’importance à l’homme qu’à Dieu.
L’hypocrisie est donc essentiellement un manque de foi ; mais c’est aussi un manque de charité envers le prochain, dans ce sens qu’elle tend à réduire les personnes à des admirateurs. Elle ne leur reconnaît pas une dignité propre mais les voit uniquement en fonction de leur image.
Le jugement de Jésus sur l’hypocrisie est sans appel : Receperunt mercedem suam : ils ont déjà reçu leur récompense ! Une récompense qui est de plus illusoire, également sur le plan humain, puisque la gloire, on le sait, échappe à tous ceux qui la recherchent, et poursuit ceux qui la fuient.

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père Raniero Cantalamessa
Méditation, dimanche 5 novembre 2006
Un jour, l’un des scribes s’approcha de Jésus et lui demanda quel était le premier commandement de la loi. Jésus lui répondit en citant les paroles de la Loi « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », que nous avons entendues, et en faisant de ces paroles « le premier des commandements ». Mais Jésus ajouta immédiatement qu’il existe un deuxième commandement semblable à celui-ci, qui est : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Pour comprendre le sens de la question du scribe et de la réponse de Jésus, il faut tenir compte d’une chose. Dans le judaïsme au temps de Jésus il existait deux tendances opposées : d’une part la tendance à multiplier sans fin les commandements et les préceptes de la loi, en prévoyant des normes et des obligations pour les moindres détails de la vie, et de l’autre le besoin opposé de découvrir, au-dessous de ce monceau asphyxiant de normes, les choses qui comptent vraiment pour Dieu, l’âme de tous les commandements.
La demande du scribe et la réponse de Jésus s’insèrent dans cette recherche de l’essentiel de la loi, pour éviter de se perdre dans mille autres préceptes secondaires. Et c’est précisément cette leçon de méthode que nous devrions d’abord apprendre de l’Evangile de ce jour. Certaines choses dans la vie sont importantes mais pas urgentes (dans le sens que si on ne les fait pas, il ne se passe rien) ; d’autres en revanche sont urgentes mais ne sont pas importantes. Le risque que nous courons est de sacrifier systématiquement les choses importantes pour pouvoir répondre aux choses urgentes, souvent totalement secondaires.

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Raniero Cantalamessa
Méditation 14-XII-01, n. 5
Ne renonçons pas à intercéder en pensant : "De toute façon, cela ne change rien, nous avons frappé à la porte bien des fois et aucune porte ne s´est ouverte...". Attention : peut-être as-tu frappé à une porte de service et ne t´es-tu pas aperçu que Dieu t´a ouvert la porte principale. Il est en train de te donner quelque chose de plus important pour l´éternité de ce que tu lui as demandé.... Un jour, nous découvrirons qu´aucune prière d´intercession, faite avec foi et humilité, sans nous préoccuper de vérifier si elle avait ou non reçu une réponse, n´a jamais été faite en vain. Encore moins celle d´aujourd´hui qui s´élève à Dieu de toute l´Église en faveur de la paix et qui est soutenue par le jeûne...

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père Raniero Cantalamessa
Méditation 14-XII-01, n. 4
Pour d´autres, plus important que celui des paroles, sera le jeûne des pensées. Je m´explique avec les mots d´un moine chartreux anonyme, notre contemporain :
"Observe pendant un seul jour le cours de tes pensées : la fréquence et la vivacité de tes critiques internes avec des interlocuteurs imaginaires, ou avec des proches, te surprendront. Quelle est généralement leur origine ? Le mécontentement à cause des supérieurs qui ne nous aiment pas, ne nous estiment pas, ne nous comprennent pas ; ils sont sévères, injustes, trop avares avec nous ou d´autres opprimés. Nous sommes mécontents de nos frères que nous jugeons peu compréhensifs, têtus, expéditifs, confus ou injurieux... Alors, dans notre esprit se crée un tribunal, au sein duquel nous sommes tout à la fois le procureur, le président, le juge et le juré ; rarement l´avocat, sinon en notre faveur. Les torts sont exposés ; les raisons pesées ; on se défend ; on se justifie ; on condamne l´absent. Peut-être élabore-t-on des plans de revanche ou des manœuvres vengeresses... Au fond, il s´agit de sursauts d´amour propre, de jugements trop rapides ou téméraires, d´une agitation passionnelle qui se conclut par la perte de la paix intérieure".
Il existe des personnes qui passent des heures et des heures à mastiquer certaines racines qu´elles tournent et retournent dans leur bouche. Quand nous ressassons ces pensées, nous leur ressemblons, sauf que dans notre cas, ce que nous mastiquons est une racine vénéneuse... Il faut remplacer le ressentiment inspiré par l´amour propre, par le pardon. Le pardon a une valeur thérapeutique : il guérit celui qui le donne comme celui qui le reçoit.

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père Raniero Cantalamessa
Méditation 14-XII-01, n. 4
La forme la plus nécessaire et la plus significative de jeûne pour nous aujourd´hui s´appelle sobriété. Se priver volontairement de petits ou de grands conforts, de ce qui est accessoire ou inutile, est communion à la passion du Christ, est solidarité avec la pauvreté d´un grand nombre.
C´est aussi une façon de s´opposer à la mentalité consumériste. Dans un monde qui a fait de la commodité superflue et inutile une des fins de sa propre activité, renoncer au superflu, savoir se passer de quelque chose, éviter de recourir à la solution la plus commode, de choisir la chose la plus facile, l´objet de plus grand luxe, vivre en somme dans la sobriété est plus efficace que de s´imposer des pénitences artificielles. C´est par dessus tout une justice envers les générations qui nous suivront et ne doivent pas être contraintes à vivre des cendres de ce que nous avons consommé et gaspillé. Il a une valeur écologique, de respect de la Création.

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père Raniero Cantalamessa
Méditation 14-XII-01, n. 4
Pour tous enfin, est indispensable actuellement le jeûne des images. Nous vivons dans une culture de l´image : presse, cinéma, télévision, internet... Aucune nourriture, dit l´Ecriture, n´est impure en soi ; beaucoup d´images le sont. Elles constituent le véhicule privilégié de l´anti-évangile : sensualité, violence, immoralité. Ce sont les troupes spéciales de Mammon. On attribue à Feuerbach cet adage : "L´homme est ce qu´il mange" ; aujourd´hui, on doit dire : "L´homme est ce qu´il regarde". L´image a un incroyable pouvoir qui lui permet de reproduire et de conditionner le monde intérieur de celui qui la reçoit. Nous sommes habités par ce que nous voyons.
Pour un prêtre, un religieux, un prédicateur, c´est désormais une question de vie ou de mort. "Mais Père, m´objecta un jour l´un d´entre eux : n´est-ce pas Dieu qui a créé l´œil pour regarder tout ce qu´il y a de beau dans le monde ? . "Si, mon frère, lui répondis-je ; mais le même Dieu qui a créé l´œil pour regarder a également créé la paupière pour le fermer. Et il savait ce qu´il faisait".

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père Raniero Cantalamessa
Méditation 14-XII-2001, n. 2
...l´appel au repentir à faire parvenir à notre monde - certes avec respect et amour - est le même que celui qu´Elie adressa au peuple d´Israël, après que celui-ci ait abandonné la religion de ses pères pour se livrer aux idoles :
"Jusqu´à quand clocherez-vous des deux jarrets ? Si Yahvé est Dieu, suivez-le ; si c´est Baal, suivez-le !" (1 R 18, 21).
Pour Jésus : "Vous ne pouvez servir deux maîtres" (cf. Mt 6, 24). Aujourd´hui les idoles n´ont plus de noms propres, Baal Astarte, mais ont des noms communs: argent, luxe, sexe, mais la substance ne change pas. L´appel au retour à Dieu doit prendre, dans les pays chrétiens, une toute autre direction que celle de la "guerre sainte" : il doit s´agir d´une guerre "ad intra", et non pas "ad extra" ; une lutte menée contre nous-mêmes, une conversion et non pas une agression. C´est là l´unique idée de guerre sainte qui soit compatible avec l´esprit de l´Évangile.

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père Raniero Cantalamessa
Homélie, 21 avril 2000 (Vendredi Saint, Basilique St Pierre)
Ce que l’on doit abandonner n’est pas l’annonce de la croix, mais plutôt certaines façons erronées du passé de le faire. Nous présenter au monde comme des crucifiés, non comme des croisés. (...)
Parfois, il n’est pas nécessaire de parler, mais seulement d’être présent, de souffrir et d’aimer, en se montrant plein de respect pour ceux qui ne réussissent pas encore à croire. La forme la plus essentielle d’évangélisation est de permettre de circuler à l’amour que le Christ est venu implanter dans le monde. Dans les faits plus que dans les paroles.

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père Raniero Cantalamessa
Homélie, 14 avril 2006 (Vendredi Saint, Basilique St Pierre)
Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l’oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers les fables (2 Tm 4, 3-4). Cette parole des Saintes Ecritures – surtout l’allusion à l’oreille qui démange en entendant des choses nouvelles – se réalise de façon nouvelle et impressionnante de nos jours. Alors que nous célébrons ici la mémoire de la passion et de la mort du Sauveur, des millions de personnes sont amenées à croire, par d’habiles spécialistes du remaniement de légendes antiques, que Jésus de Nazareth n’a en réalité jamais été crucifié. (...)
On parle beaucoup de la trahison de Judas sans se rendre compte qu’on est en train de la renouveler. Le Christ est vendu, une nouvelle fois, non plus aux chefs du sanhédrin pour trente pièces d’argent, mais à des éditeurs et des libraires pour des milliards de pièces d’argent… Personne ne réussira à stopper cette vague spéculative qui va même être relancée avec la sortie imminente d’un film, mais m’étant consacré pendant des années à l’Histoire des origines chrétiennes je considère comme de mon devoir d’attirer l’attention sur un énorme malentendu qui se trouve à la base de toute cette littérature pseudo-historique.
Les évangiles apocryphes sur lesquels elle s’appuie sont des textes connus depuis toujours, dans leur totalité ou en partie, mais avec lesquels même les historiens les plus critiques et les plus hostiles au christianisme n’ont jamais pensé avant ce jour que l’on puisse faire de l’histoire. Ce serait comme si dans quelques siècles on prétendait reconstruire l’histoire d’aujourd’hui en se basant sur les romans écrits à notre époque.
L’énorme malentendu consiste dans le fait que l’on utilise ces écrits pour leur faire dire exactement le contraire de ce qu’ils voulaient dire. Ils font partie de la littérature gnostique des IIe et IIIe siècle. La vision gnostique – un mélange de dualisme platonique et de doctrines orientales revêtu d’idées bibliques – soutient que le monde matériel est une illusion, œuvre du Dieu de l’Ancien Testament, qui est un dieu méchant, ou au moins inférieur ; le Christ n’est pas mort sur la croix, car il n’a jamais pris, sauf en apparence, un corps humain, ceci étant indigne de Dieu (docétisme). (...)
Ce sont des choses qui ne mériteraient pas d’être traitées en ce lieu et aujourd’hui, mais nous ne pouvons pas permettre que le silence des croyants soit interprété comme un sentiment d’embarras et que la bonne foi (ou la naïveté ?) de millions de personnes soit impunément manipulée par les médias, sans élever la voix pour protester au nom, non seulement de la foi, mais aussi du bon sens et d’une raison saine. (...) nous sommes à l’époque des médias et les médias s’intéressent davantage à la nouveauté qu’à la vérité.

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père Raniero Cantalamessa
Homélie, 21 avril 2000 (Vendredi Saint, Basilique St Pierre)
"J’ai toujours cherché Dieu et je ne l’ai pas trouvé. Je l’ai toujours cherché, car je crois que la foi peut donner une force extraordinaire. Mais je ne me sens pas responsable ou coupable du fait que cette force m’ait manquée. Et si je trouvais Dieu, je lui demanderais : Pourquoi ne m’as-tu pas donné la foi ?" (Indro Montanelli, entretien, Il Gazzettino 22-I-00, p. 11).
Je voudrais répondre à cette personne et à celles, nombreuses, qui sont dans cette même situation : peut-être Dieu ne t’a-t-il pas donné la foi pour que tu l’aides à purifier la foi de celui qui devait te l’annoncer et lui faire sentir la responsabilité et l’urgence de le faire. Cependant, tu connais la réponse qu’ont entendue des hommes comme Augustin et Pascal, qui avaient posé la même question à Dieu : "Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé". "Si je ne t’avais pas déjà trouvé !". Désirer sans croire peut constituer une foi plus pure que croire sans désirer, en tenant tout pour sûr.

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)