1516
Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus
(voir le récit MsA 63r)Thérèse on le voit est résolue, bien qu’elle ait besoin de se sentir confirmée dans son choix et la lettre de Pauline vient pour l’encourager. Thérèse y voit donc la volonté de Dieu et bien souvent c’est par Pauline qu’elle s’exprime. Or l’entrevue avec le Pape s’est mal passée…
« Ma chère petite Pauline, (LT 36 20 nov 87) Le bon Dieu me fait passer par bien des épreuves avant de me faire entrer au Carmel. Je vais te raconter comment la visite du Pape s’est passée. Oh ! Pauline, si tu avais pu lire dans mon cœur tu y aurais vu une grande confiance ; je crois que j’ai fait ce que le Bon Dieu voulait de moi, maintenant il ne me reste plus qu’à prier.
Monseigneur n’était pas là, M. Révérony (Vicaire général de l’évèque Mgr Hugonin) le remplaçait ; pour te faire une idée de l’audience il aurait fallu que tu sois là. Le Pape était assis sur une grande chaise très haute. M. Révérony était tout auprès de lui, il regardait les pèlerins qui passaient devant le Pape après lui avoir embrassé le pied, puis il disait un mot de quelques-uns. Tu penses comme mon cœur battait fort en voyant mon tour arriver, mais je ne voulais pas m’en retourner sans avoir parlé au Pape. J’ai dit ce que tu me disais dans ta lettre, mais pas tout car M. Révérony ne m’en a pas donné le temps, il a dit aussitôt : Très Saint Père, c’est une enfant qui veut entrer au Carmel à quinze ans, mais ses supérieurs s’en occupent en ce moment. (Le bon Pape est si vieux qu’on dirait qu’il est mort, je ne me le serais jamais figuré comme cela, il ne peut dire presque rien, c’est M. Révérony qui parle). J’aurais voulu pouvoir expliquer mon affaire mais il n’y a pas eu moyen. Le Saint-Père m’a dit simplement : Si le bon Dieu veut vous entrerez. Puis on m’a fait passer dans une autre salle. Oh ! Pauline, je ne puis te dire ce que j’ai ressenti, j’étais comme anéantie, je me sentais abandonnée, et puis je suis si loin, si loin… Je pleurerais bien en écrivant cette lettre, j’ai le cœur bien gros. Cependant le Bon Dieu ne peut pas me donner des épreuves qui sont au-dessus de mes forces (1 Co 10,13) . Il m’a donné le courage de supporter cette épreuve, oh ! elle est bien grande… Mais Pauline, je suis la petite balle de l’Enfant Jésus ; s’Il veut briser son jouet Il est bien libre, oui je veux bien tout ce qu’Il veut. »