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Benoît XVI, 17 février 2007, dialogue avec les prêtres

« Le christianisme nous annonce la joie, oui ; cette joie ne croît cependant que sur le chemin de l’amour et ce chemin de l’amour a un lien avec la Croix, avec la communion avec le Christ crucifié. Elle est représentée par le grain de blé tombé en terre. Lorsque nous commençons à comprendre et à accepter cela, chaque jour, parce que chaque jour nous impose quelque insatisfaction, quelque poids qui crée aussi de la douleur, lorsque nous acceptons cette école de la sequela du Christ, comme les Apôtres ont dû apprendre à cette école, alors nous devenons également capables d’aider les personnes qui souffrent.
Il est vrai que cela est toujours un peu difficile si une personne qui est plus ou moins en bonne santé ou dans de bonnes conditions doit en réconforter une autre frappée par un grand mal : que ce soit la maladie ou la perte de l’amour. Face à ces maux que nous connaissons tous, tout apparaît presque inévitablement uniquement rhétorique ou pathétique. Mais, dirais-je, si ces personnes sentent que nous sommes « com-patients », que nous voulons porter avec eux la Croix en communion avec le Christ, surtout en priant avec eux, en les assistant également avec un silence plein de sympathie, d’amour, en les aidant autant que nous pouvons, nous pouvons devenir crédibles.
Nous devons accepter, que peut-être dans un premier moment, nos paroles apparaissent comme de simples paroles. Mais si nous vivons réellement dans cet esprit de la vraie sequela de Jésus, nous trouvons également la manière d’être proches à travers notre sympathie. Sympathie, étymologiquement, signifie « com-passion » pour l’homme, en l’aidant, en priant, en créant ainsi la confiance que la bonté du Seigneur existe même dans la vallée la plus obscure. Nous pouvons ainsi ouvrir le cœur à l’Evangile du Christ lui-même, qui est le vrai consolateur ; ouvrir le cœur à l’Esprit Saint qui est appelé l’autre Consolateur, l’autre Paraclet, qui assiste, qui est présent.
Nous pouvons ouvrir le cœur non à nos paroles, mais au grand enseignement du Christ, à son être avec nous et aider ainsi à ce que la souffrance et la douleur deviennent réellement une grâce de maturité, de communion avec le Christ Crucifié et Ressuscité. » 

999

DIALOGUE DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE SUR LA PROVIDENCE
Le plan d'amour de Dieu.
Le Père éternel, avec son inexprimable bonté, tournait son regard vers Catherine et lui disait :
"Ma très chère fille, j'ai absolument décidé de faire miséricorde au monde et de secourir de toute manière l'humanité. Mais l'homme, dans son ignorance, croit voir la mort dans ce que je lui donne pour sa Vie, et il devient ainsi cruel envers lui-même. Pourtant ma Providence l'assiste toujours. Aussi, je veux que tu le saches : tout ce que je donne à l'homme provient de ma souveraine Providence.
Et c'est pourquoi, lorsque je l'ai créé par ma Providence, j'ai regardé en moi-même et j'ai été saisi d'amour par la beauté de ma créature. J'ai voulu la créer à mon image et à ma ressemblance, en y employant largement ma Providence. En outre, je lui ai donné la mémoire pour qu'elle garde le souvenir de mes bienfaits : car je voulais qu'elle participe à ma puissance de Père éternel.
Je lui ai encore donné l'intelligence, pour que, dans la sagesse de mon Fils unique, l'homme connaisse ma volonté, car c'est moi qui donne toutes les grâces avec un brûlant amour de Père. Et je lui ai donné aussi la volonté pour aimer, en participant à la douceur du Saint-Esprit, afin qu'il puisse aimer ce que son intelligence ne pouvait connaître et voir.
Voilà ce que ma douce Providence a fait, uniquement pour que l'homme soit capable de me comprendre et de me goûter avec une joie parfaite, dans l'éternelle vision qu'il aurait de moi. Et, comme je te l'ai déja dit, le ciel était fermé par la désobéissance d'Adam votre premier père. C'est de cette désobéissance que sont venus tous les maux, à travers le monde entier. ~
Afin que l'homme soit délivré de la mort amenée par cette désobéissance, ma Providence a eu la bonté de vous donner mon Fils unique pour secourir votre misère. ~ Je lui ai imposé la grande obéissance pour que le genre humain délivré du poison que la désobéissance de votre premier père avait répandu dans le monde. Aussi, comme saisi d'amour, vraiment obéissant, Il courut sans retard à la mort ignominieuse de la très sainte Croix et sa mort vous donna la Vie, par la force non pas de son humanité mais de sa divinité."
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998 - Pape François, catéchèse du 12 avril 2017

998

Pape François, 
Audience Générale du 12 avril 2017
« Quand nous choisissons l’espérance de Jésus, nous découvrons petit à petit que la manière gagnante de vivre est celle de la graine, celle de l’amour humble. Il n’y a pas d’autre voie pour vaincre le mal et donner l’espérance au monde. Mais vous pouvez me dire : « Non, c’est une logique perdante ! » C’est ce qu’il semble, que ce soit une logique perdante, parce que qui aime perd le pouvoir. Avez-vous pensé à cela ? Qui aime perd le pouvoir, qui donne se dépossède de quelque chose et aimer est un don. En réalité, la logique de la graine qui meurt, de l’amour humble, est la voie de Dieu et elle seule donne du fruit. (…) Certes, cet amour vrai passe à travers la croix, le sacrifice, comme pour Jésus. La croix est le passage obligatoire, mais elle n’est pas le but, elle est un passage : le but est la gloire, comme nous le montre Pâques. Et là, une autre très belle image vient à notre aide, celle que Jésus a laissée à ses disciples pendant la dernière Cène. Il dit : « La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde » (Jn 16,21). Voilà : donner sa vie, ne pas la posséder. Et c’est ce que font les mamans : elles donnent une autre vie, elles souffrent, mais ensuite elles sont joyeuses, heureuses parce qu’une autre vie est venue au monde. Cela donne de la joie ; l’amour donne la vie au monde et il donne même du sens à la souffrance. L’amour est le moteur qui fait avancer notre espérance. Je le répète : l’amour est le moteur qui fait avancer notre espérance. Et chacun de nous peut se demander : « Est-ce que j’aime ? Ai-je appris à aimer ? Est-ce que j’apprends tous les jours à aimer plus ? », parce que l’amour est le moteur qui fait avancer notre espérance. »

997 - Benoît XVI, 17 février 2007, dialogue avec les prêtres

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Benoît XVI, 17 février 2007, dialogue avec les prêtres

« Certes, le christianisme nous donne de la joie, parce que l’amour donne de la joie. Mais l’amour est toujours également un processus où l’on se perd soi-même et donc également un processus où l’on sort de soi-même ; en ce sens, c’est également un processus douloureux. Et c’est uniquement de cette manière qu’il nous fait mûrir et arriver à la joie véritable. Ceux qui affirment ou qui promettent une vie qui serait seulement joyeuse et confortable, mentent, parce cela n’est pas la vérité de l’homme ; la conséquence est que l’on doit ensuite se réfugier dans des paradis artificiels. Et ainsi on ne parvient pas à la joie mais bien plutôt à l’autodestruction.
« Le christianisme nous annonce la joie, oui ; cette joie ne croît cependant que sur le chemin de l’amour et ce chemin de l’amour a un lien avec la Croix, avec la communion avec le Christ crucifié. Elle est représentée par le grain de blé tombé en terre. Lorsque nous commençons à comprendre et à accepter cela, chaque jour, parce que chaque jour nous impose quelque insatisfaction, quelque poids qui crée aussi de la douleur, lorsque nous acceptons cette école de la sequela du Christ, comme les Apôtres ont dû apprendre à cette école, alors nous devenons également capables d’aider les personnes qui souffrent. »

996


Benoît XVI, Journée Mondiale de la Jeunesse, 5 avril 2009
Il est certainement important, essentiel d’oser poser une fois le grand choix décisif, d’oser le grand « oui » que le Seigneur nous demande à un certain moment de notre vie. Mais le grand « oui » du moment décisif dans notre vie le « oui » à la vérité que le Seigneur nous propose – doit ensuite être quotidiennement reconquis dans les situations de chaque jour dans lesquels, toujours de nouveau, nous devons abandonner notre moi, nous mettre à disposition, quand au fond nous voudrions à l’inverse nous accrocher à notre moi. Le renoncement, le sacrifice font aussi partie d’une vie droite. Qui promet une vie sans ce don de soi-même toujours renouvelé, trompe les gens. Il n’existe pas de vie réussie sans sacrifice. Si je jette un regard rétrospectif sur ma vie personnelle, je dois dire que ce sont précisément les moments où j’ai dit « oui » à un renoncement, qui ont été les moments importants et décisifs de ma vie. » 

995

BENOÎT XVI  Spe salvi n° 38 - (30 novembre 2007- )

« Le « oui » à l’amour est aussi source de souffrance, parce que l’amour exige toujours de sortir de mon moi, où je me laisse émonder et blesser. L’amour ne peut nullement exister sans ce renoncement qui m’est aussi douloureux à moi-même, autrement il devient pur égoïsme et, de ce fait, il s’annule lui- même comme tel. » 

994

Saint Jean-Paul II, Salficici Doloris n°22
La Résurrection du Christ a révélé « la gloire du siècle à venir » et en même temps elle a confirmé « l’exaltation de la Croix » : cette gloire qui est comprise dans la souffrance même du Christ, telle qu’elle s’est bien souvent reflétée et qu’elle se reflète encore dans la souffrance de l’homme comme expression de sa grandeur spirituelle. Il faut rendre témoignage de cette gloire non seulement aux martyrs de la foi mais aussi aux nombreux autres hommes qui parfois, sans avoir la foi au Christ, souffrent et donnent leur vie pour la vérité ou pour une juste cause. Dans leurs souffrances à tous est confirmée d’une manière particulière la haute dignité de l’homme. » 

993

 Saint Irénée de Lyon (IIe siècle), Contre les Hérésies V, 2,3
Vitrail Eglise saint Irénée de Lyon
"Le bois de la vigne, une fois planté en terre, porte du fruit quand vient le temps. De même, le grain de froment, après être tombé en terre et s'y être dissous (Jn 12,24), resurgit multiplié par l'Esprit de Dieu qui soutient toutes choses. Ensuite, grâce au savoir faire, ils viennent à l'usage des hommes ; puis, en recevant la Parole de Dieu, ils deviennent eucharistie, c'est à dire le Corps et le Sang du Christ."Comme le grain de bléDe même nos corps, qui sont nourris par cette eucharistie, après avoir été couchés dans la terre et s'y être dissous, ressusciteront en leur temps, lorsque le Verbe de Dieu les gratifiera de la résurrection, "pour la gloire de Dieu le Père" (Ph 2,11). Car il procurera l'immortalité à ce qui est mortel et l'incorruptibilité à ce qui est périssable (1Co 15,53), parce que la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse (2 Co 12,9).
Dans ces conditions nous nous garderons bien, comme si c'était de nous-mêmes que nous avons la vie, de nous enfler d'orgueil, de nous élever contre Dieu en acceptant des pensées d'ingratitude. Au contraire, sachant par expérience que c'est de sa grandeur à Lui [...] que nous tenons de pouvoir vivre à jamais, nous ne nous écarterons pas de la vraie pensée sur Dieu et sur nous-mêmes. Nous saurons quelle puissance Dieu possède et quels bienfaits l'homme reçoit de lui. Nous ne nous méprendrons pas sur la vraie conception qu'il faut avoir de Dieu et de l'homme. D'ailleurs [...], si Dieu a permis notre dissolution dans la terre, n'est-ce pas précisément pour que, instruits de toutes ces choses, nous soyons dorénavant attentifs en tout, ne méconnaissant ni Dieu ni nous-mêmes ? [...] Si la coupe et le pain, par la Parole de Dieu, deviennent Eucharistie, comment prétendre que la chair est incapable de recevoir la Vie éternelle ?"

992

Saint Cyprien (IIIe siècle), Traité sur la mort XX.

"Nous ne devons pas pleurer nos frères que l'appel du Seigneur a retirés de ce monde, puisque nous savons qu'ils ne sont pas perdus, mais partis avant nous: ils nous ont quittés comme des voyageurs, comme des navigateurs, pour nous précéder [...] Ne donnons pas aux païens l'occasion de nous reprocher, avec raison, de nous lamenter sur ceux que nous déclarons vivants auprès de Dieu, comme s'ils étaient anéantis et perdus."

991

saint Vincent de Paul 
Vie de saint Vincent de Paul par Louis Abelly – volume 2 page 167
« Ayons confiance en Dieu, mais ayons-la entière et parfaite, et tenons pour assuré qu’ayant commencé son œuvre en nous, il l’achèvera ; car je vous demande, qui est-ce qui a établi la Compagnie ? qui est- e qui nous a appliqués aux missions, aux ordinands, aux conférences, aux retraites, etc. ? Est-ce moi ? Nullement. Est-ce M. Portail, que Dieu a joint à moi dès le commencement ? Point du tout, car nous n’y pensions point, nous n’en avions fait aucun dessein. Et qui est –ce donc qui est l’auteur de tout cela ? 
C’est Dieu, c’est sa providence paternelle et sa pure bonté. Car nous ne sommes tous que de chétifs ouvriers, et de pauvres ignorants ; et parmi nous, il y a peu ou point du tout de personnes nobles, puissantes, savantes, ou capables de quelque chose. C’est donc Dieu qui a fait tout cela, et qui l’a fait par telles personnes  que bon lui a semblé, afin que toute la gloire lui revienne. Mettons donc toute notre confiance en Lui, car si nous la mettons aux hommes, ou bien si nous nous appuyons sur quelque avantage de la nature ou de la fortune, alors Dieu se retirera de nous.
Cherchons uniquement Dieu, et Il nous pourvoira d’amis et de toute autre chose, en sorte que rien ne nous manquera. Voulez-vous savoir pourquoi nous ne réussissons pas dans quelque emploi ? C’est parce que nous nous appuyons sur nous-mêmes. Ce prédicateur, ce supérieur, ce confesseur, se fie trop à sa prudence, à sa science et à son propre esprit. Que fait Dieu ? Il se retire de lui, il le laisse là, et quoiqu’il travaille, tout ce qu’il fait ne produit aucun fruit, afin qu’il reconnaisse son inutilité, et qu’il apprenne par sa propre expérience que, quelque talent qu’il ait, il ne peut rien sans Dieu. »



990


saint Jean-Paul IISalficici Doloris n°30
« On pourrait assurément allonger la liste des souffrances qui ont suscité l’émotion humaine, la compassion, la prise en charge, ou bien ne les ont point provoquées. La première et la seconde déclarations du Christ à propos du jugement dernier indiquent sans équivoque possible combien est essentiel, dans la perspective de la Vie éternelle à laquelle tout homme est appelé, le fait de « s’arrêter », à l’exemple du bon Samaritain, près de la souffrance de son prochain, d’avoir pitié d’elle, et enfin de la soulager. Dans le programme messianique du Christ, qui est le programme du Royaume de Dieu, la souffrance est présente dans le monde pour libérer l’amour, pour faire naître des oeuvres d’amour à l’égard du prochain, pour transformer toute la civilisation humaine en « civilisation de l’amour ». Dans cet amour, le sens salvifique de la souffrance se réalise à fond et atteint sa dimension définitive. Les paroles du Christ à propos du jugement dernier permettent de comprendre cela avec toute la simplicité et la clarté évangéliques. » (Jean-Paul II, Salficici Doloris n°30)

989


saint Jean-Paul IISalficici Doloris n°29
« L’éloquence de la parabole du bon Samaritain et de l’Evangile entier se résume avant tout à ceci : l’homme doit se sentir comme appelé à titre vraiment personnel à être le témoin de l’amour dans la souffrance. Les institutions sont très importantes et indispensables ; cependant aucune institution ne peut par elle-même remplacer le coeur humain, la compassion humaine, l’amour humain, l’initiative humaine, lorsqu’il s’agit d’aller à la rencontre de la souffrance d’autrui. Ceci vaut pour les souffrances physiques, mais plus encore pour les nombreuses souffrances morales, et par-dessus tout lorsqu’il s’agit de la souffrance de l’âme. »

988


saint Jean-Paul II, Salficici Doloris n°29
« En suivant la parabole évangélique, on pourrait dire que la souffrance, présentant des visages si divers à travers le monde humain, s’y trouve également pour libérer dans 1’homme ses capacités d’aimer, très précisément ce don désintéressé du propre « moi » au profit d’autrui, de ceux qui souffrent. Le monde de la souffrance humaine ne cesse d’appeler, pour ainsi dire, un monde autre : celui de l’amour humain ; et cet amour désintéressé, qui s’éveille dans le cœur de l’homme et se manifeste dans ses actions, il le doit en un certain sens à la souffrance. L’homme qui est le « prochain » ne peut passer avec indifférence devant la souffrance des autres, au nom de la loi fondamentale de la solidarité humaine ; il le peut encore moins au nom de la loi d’amour du prochain. Il doit « s’arrêter », « avoir pitié », comme le fit le Samaritain de la parabole évangélique. La parabole en elle-même exprime une vérité profondément chrétienne, mais en même temps une vérité humaine on ne peut plus universelle. Ce n’est pas sans raison que, même dans le langage courant, on appelle oeuvre « de bon samaritain » toute activité en faveur des personnes qui souffrent et ont besoin d’aide.
Cette activité a revêtu, au cours des siècles, des formes institutionnelles organisées et dans son champ d’application elle a suscité les professions correspondantes. Combien la profession du médecin, celle de l’infirmière ou d’autres semblables sont des activités « de bon samaritain » ! Etant donné l’inspiration « évangélique » qui les anime, nous sommes enclins à penser dans ces cas plus à une vocation qu’à une simple profession. Et les institutions qui, au cours des générations, ont accompli un service de « samaritain » se sont encore davantage développées et spécialisées en notre temps. Cela prouve sans aucun doute que l’homme d’aujourd’hui s’arrête avec toujours plus d’attention et de perspicacité aux souffrances de son prochain, cherche à les comprendre et à les prévenir avec toujours plus d’application. En ce domaine, l’homme possède également une capacité et une spécialisation croissantes. En songeant à tout cela, on peut dire que la parabole du Samaritain de l’Evangile est devenue un des éléments essentiels de la culture morale et de la civilisation universellement humaine. » 

985


Benoît XVI (Spe Salvi n° 38- 2007)
« La mesure de l’humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n’est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine. Cependant, la société ne peut accepter les souffrants et les soutenir dans leur souffrance, si chacun n’est pas lui-même capable de cela et, d’autre part, chacun ne peut accepter la souffrance de l’autre si lui-même personnellement ne réussit pas à trouver un sens à la souffrance, un chemin de purification et de maturation, un chemin d’espérance. Accepter l’autre qui souffre signifie, en effet, assumer en quelque manière sa souffrance, de façon qu’elle devienne aussi la mienne. Mais parce que maintenant elle est devenue souffrance partagée, dans laquelle il y a la présence d’un autre, cette souffrance est pénétrée par la lumière de l’amour. La parole latine consolatio, consolation, l’exprime de manière très belle, suggérant un être-avec dans la solitude, qui alors n’est plus solitude. » 

984


Benoît XVI (Spe Salvi n° 39- 2007)
Il n’en reste pas moins que « Souffrir avec l’autre, pour les autres ; souffrir par amour de la vérité et de la justice ; souffrir à cause de l’amour et pour devenir une personne qui aime vraiment – ce sont des éléments fondamentaux d’humanité ; leur abandon détruirait l’homme lui-même. » 

983

Benoît XVI, Journée Mondiale de la Jeunesse, 5 avril 2009

« Saint Jean a accueilli dans l’écho qu’il donne des paroles du Seigneur pour le « Dimanche des Rameaux », une forme modifiée de la prière de Jésus dans le jardin des oliviers. Il y a avant tout l’affirmation : « Mon âme est bouleversée » (Jn 12, 27). L’effroi de Jésus apparaît ici, souligné fortement par les autres évangélistes – son effroi devant le pouvoir de la mort, devant tout l’abîme du mal qu’Il voit et dans lequel il doit descendre.
Le Seigneur souffre nos angoisses avec nous, il nous accompagne à travers l’ultime angoisse jusqu’à la lumière. Puis viennent en saint Jean, les deux demandes de Jésus. La première, exprimée seulement au conditionnel : « Que puis-je dire ? Dirai-je ? : Père, délivre-moi de cette heure ? » (Jn 12, 27). En tant qu’être humain, Jésus aussi se sent poussé à demander que lui soit épargnée la terreur de la Passion. Nous aussi pouvons prier ainsi. Nous aussi, nous pouvons nous plaindre au Seigneur comme Job le fît, lui présenter toutes les demandes qui, face à l’injustice du monde et au trouble de notre propre moi, surgissent en nous.
Devant Lui, nous ne devons pas nous réfugier dans des phrases pieuses, dans un monde factice. Prier signifie toujours aussi lutter avec Dieu, et comme Jacob nous pouvons lui dire : « Je ne te lâcherai que si tu me bénis » (Gn 32, 27). Mais vient ensuite la seconde demande de Jésus : « Glorifie ton nom ! » (Jn 12, 28). Dans les synoptiques, cette demande résonne ainsi : « Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne » (Lc 22, 42). En définitive, la gloire de Dieu, sa seigneurie, sa volonté sont toujours plus importantes et plus vraies que mes pensées et que ma volonté. C’est là l’essentiel dans notre prière et dans notre vie : apprendre cet ordre juste de la réalité, l’accepter profondément ; faire confiance à Dieu et croire qu’Il fait la chose juste ; que sa volonté est la vérité et l’amour ; que ma vie devient bonne si j’apprends à adhérer à cet ordre. Vie, mort et résurrection de Jésus sont pour nous la garantie que nous pouvons véritablement nous fier à Dieu. Et c’est de cette façon que se réalise son Royaume. » 

982

saint Jean-Paul II -  Lourdes, 15 août 1983

« Chers malades, je voudrais laisser en vos mémoires et en vos cœurs trois petites lumières qui me semblent précieuses.
Tout d’abord, quelle que soit votre souffrance, physique ou morale, personnelle ou familiale, apostolique, voire ecclésiale, il importe que vous en preniez lucidement conscience sans la minimiser et sans la majorer, et avec tous les remous qu’elle engendre dans votre sensibilité humaine : échec, inutilité de votre vie, etc.
Ensuite, il est indispensable d’avancer sur la voie de l’acceptation. Oui, accepter qu’il en soit ainsi, non par résignation plus ou moins aveugle, mais parce que la foi nous assure que le Seigneur peut et veut tirer le bien du mal. Combien, ici présents, pourraient témoigner que l’épreuve, acceptée dans la foi, a fait renaître en eux la sérénité, l’espérance . . . Si le Seigneur veut tirer le bien du mal, c’est qu’Il vous invite à être vous-mêmes aussi actifs que vous le pouvez, malgré la maladie, et si vous êtes handicapés, à vous prendre vous-mêmes en charge, avec les forces et talents dont vous disposez, malgré l’infirmité. 
Ceux qui vous entourent de leur affection et de leur entraide, et aussi les associations dont vous faites partie comme les Fraternités des malades, cherchent justement à vous faire aimer la vie, et à l’épanouir encore en vous, autant qu’il est possible, comme un don de Dieu.
Enfin, le plus beau geste reste à faire : celui de l’oblation. L’offrande, effectuée par amour du Seigneur et de nos frères, permet d’atteindre à un degré, parfois très élevé, de charité théologale, c’est-à-dire de se perdre dans l’amour du Christ et de la très sainte Trinité pour l’humanité.
Ces trois étapes vécues par chacun des souffrants, selon son rythme et sa grâce, lui apportent une libération intérieure étonnante. N’est-ce pas l’enseignement paradoxal rapporté par les évangélistes : “… celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera” ? (Matth. 16, 25) 

N’est-ce pas le mouvement évangélique d’abandon, si profondément expérimenté par Bernadette de Lourdes et Thérère de Lisieux, malades presque toute leur vie ? 

Chers Frères et Sœurs souffrants, repartez fortifiés et rénovés pour votre “mission spéciale” ! Vous êtes les précieux coopérateurs du Christ dans l’application, à travers le temps et l’espace, de la Rédemption qu’il a acquise une fois pour toutes et au bénéfice de l’humanité entière par les mystères historiques de son incarnation, de sa passion et de sa résurrection. Et Marie, sa Mère, et votre Mère, sera toujours près de vous ! » 

981

Benoît XVI, 
Spe Salvi 37 et 38 - 
dialogue avec les prêtres - 17 février 2007
la souffrance est le lieu d’une croissance humaine et spirituelle.

« Ce n’est pas le fait d’esquiver la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter les tribulations et de mûrir par elles, d’y trouver un sens par l’union au Christ, qui a souffert avec un amour infini. » (n° 37 spe Salvi)

Benoît XVI retient trois domaines où il est capital de ne pas fuir la souffrance sous peine de rester immatures à un niveau humain et spirituel. La souffrance est un lieu d’exercice et d’apprentissage de l’espérance. Benoît XVI énonce une vérité que nous pourrions encadrer et sur laquelle nous pourrions longuement méditer : « La mesure de l’humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. » (n° 38 Spe Salvi)
« En reconnaissant ce devoir de travailler contre les souffrances causées par nous-mêmes, nous devons aussi reconnaître et comprendre que la souffrance est une part essentielle de notre maturité humaine. Je pense à la parabole du Seigneur sur le grain de blé tombé en terre, qui ne peut que de cette manière, en mourant, porter du fruit, et le fait de tomber en terre et de mourir ne représente pas simplement un moment, mais il s’agit véritablement du processus d’une vie. » (Benoît XVI, 17 février 2007, dialogue avec les prêtres)

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)