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        André Louf (1929-2010)
         (« À la grâce de Dieu »)
« Basculer vers son intériorité »...
« Il s'agit de l'un des moments cruciaux de l'expérience spirituelle chrétienne. Hélas ! Chez la plupart d'entre nous, même si nous sommes croyants, cette réalité, au fond bouleversante, reste souvent, et parfois pour toujours, à l'état inconscient.
La culture actuelle semble même être affectée d'une surdité particulière, d'une remarquable insensibilité par rapport à ce trésor intérieur, caché en nous.
Bien des aspects de la vie moderne, non condamnables en soi, se conjuguent pour attirer l'homme hors de lui-même et l'obligent à s'installer au niveau de ses sens extérieurs, à vivre, pourrait-on dire, «à fleur de peau». Or, pour peu que l'on fréquente les grands auteurs spirituels du passé, et pas seulement ceux qui appartiennent à la Tradition chrétienne, on est frappé par la grande attention qu'ils portent à leurs sens intérieurs, à tout ce qu'ils vivent au-dedans d'eux-mêmes.

L'Homme moderne, au contraire, semble frappé d'allergie vis-à-vis de son intériorité, qui est le lieu où il pourrait rencontrer Dieu d'une façon infiniment plus dense et, après tout, infiniment plus facile, qu'en empruntant le long et fastidieux détour par les créatures, qu’il croit devoir s’imposer aujourd’hui. » 

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