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Père Georges Finet
extrait d'une de ses conférences
revue "l’Alouette" N°288 | avril 2015SOYEZ DES «PIERRES VIVANTES»
"Pour vous traiter ce sujet, je prends une explication donnée par Vatican II, en citant la première épître de saint Pierre, chapitre 2, versets 4 et suivants :
«Approchez-vous de Lui (Lui, c’est Jésus ; vous, ce sont les chrétiens de la première génération), la Pierre Vivante rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse auprès de Dieu. Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l’édification d’un édifice spirituel (l’Église) pour un sacerdoce saint, en vue d’offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus.»
Vous remarquerez que Jésus est appelé la Pierre Vivante, la Pierre d’Angle, et vous, les chrétiens : les pierres vivantes.
Qu’est-ce qu’une pierre vivante et une pierre qui ne l’est pas ?
Une pierre vivante, c’est celle qui se donne, qui se prête à la construction de l’édifice. Je me rappelle, en quittant Beyrouth, il y a bien des années, je me suis arrêté avec quelques pèlerins à Baalbeck. Là, nous avons admiré les fameuses ruines de ces temples, soutenus par une esplanade extraordinaire, construits par les Romains tout de suite après la mort de Jésus.
J’ai été très frappé d’une chose : ces immenses pierres qui ont 20 mètres de long sur 2 ou 3 de large, sont toujours des pierres vivantes, qui se prêtent à l’édification, à la construction. Mais, tout de suite après, on nous a emmenés à la carrière où ces pierres étaient exploitées. J’y ai vu une pierre dont on a extrait une des trois faces sur les quatre. Elle avance de 20 mètres, mais toute la base est encore dans la carrière : elle ne se prête pas à la construction : c’est une pierre morte. Pauvre pierre ! Quand je l’ai vue, mon réflexe ecclésiastique m’a donné envie de tirer mon goupillon et de lui donner une absoute... C’était triste de voir cette pauvre pierre qui était là depuis des siècles et des siècles, sans servir à rien du tout. Vous devez, vous, les laïcs, vous prêter à cette construction comme «pierres vivantes». Cette construction s’appelle l’Église et les Apôtres en sont les pierres de fondation. Et saint Pierre, pour expliquer cela, emploie en grec, le mot «syn» et non le terme «meta». Le «meta» grec signifie «avec» : un cheval tire une voiture «avec» un autre : ils sont juxtaposés ; mais, dans l’Église, nous ne sommes pas juxtaposés. Le «syn», c’est le «avec» vital : la branche «avec» le tronc ; le sarment «avec» le cep ; les membres «avec» la tête du corps ; une pierre «avec» la pierre d’angle.
Ce lien vital, c’est le Saint-Esprit qui nous unit les uns aux autres dans cette construction, par le ciment de la charité fraternelle. C’est ainsi que nous faisons l’unité entre nous. Donc, nous sommes des pierres vivantes. Retenons bien cela : ne soyons pas des pierres mortes."