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30 avril - Saint Pie V, (1504-1572)
pape o.p. (225e) de 1556 à 1572
(né le 17 janvier 1504 à Bosco Marengo dans le Piemont-
mort le 1er mai 1572 à Rome)
Deux religieux dominicains cheminaient un jour à travers la Lombardie. Dans un village, ils rencontrèrent un petit pâtre nommé Antonio Ghislieri, d'une noble famille ruinée par les guerres civiles. La physionomie ouverte et spirituelle de l'enfant, ses questions, ses réponses, frappèrent vivement les bons religieux, qui lui proposèrent de l'emmener pour le faire entrer dans leur Ordre. Ce jour-là, la Providence avait accompli, de la manière la plus simple, un merveilleux dessein, car cet enfant devait être saint Pie V.
Les Dominicains du couvent de Sainte-Sabine, le voyant arriver avec un extérieur négligé, lui firent mauvais accueil ; le supérieur alla même jusqu'à lui dire avec raillerie : « Que venez-vous chercher ici, mon Père ? Venez-vous voir si le collège des cardinaux est disposé à vous faire Pape ? » Le religieux peu charitable ne se doutait pas qu'il prédisait l'avenir. Le cardinal Giovanni Pietro Carafa jugea autrement le jeune inquisiteur ; sous cet extérieur modeste, il reconnut une grande âme destinée par Dieu à combattre vaillamment l'hérésie ; et plus tard, quand il fut devenu Pape sous le nom de Paul IV, il eut hâte de donner un évêché à Michele Ghislieri, qui dut l'accepter malgré ses larmes.
Entré chez les dominicains à l'âge de 14 ans, il est ordonné prêtre en 1528, après de brillantes études. Le jeune Antonio (nom en religion Michele) devint lui-même, à vingt ans, un professeur distingué. Il enseigne la philosophie et la théologie pendant 16 ans au sein de l'ordre, et devient maître des novices.
En 1556 Paul IV le nomme évêque de Sutri et inquisiteur de la foi à Milan et en Lombardie.C'est dans cette fonction épineuse qu'il se créa, en défendant les droits de l'Église, des ennemis implacables. Il dut aller à Rome justifier sa conduite.
Au sein du Sacré Collège, il s'oppose vigoureusement mais en vain au successeur de Paul IV, mort en 1559, le pape Pie IV, qui entend y admettre le fils du grand-duc de Toscane, Ferdinand de Médicis, âgé d'à peine 13 ans, ainsi qu'à l'empereur Maximilien II, qui, influencé par les idées luthériennes, veut autoriser le mariage des prêtres. Il tombe en disgrâce.
En 1546, il entre au Saint-Office. Son activité à Côme et Bergame attire l'attention du cardinal Carafa, futur Paul IV, qui le nomme commissaire général de l'Inquisition à Rome en 1551.
En 1557, il reçoit le chapeau de cardinal au titre de Santa Maria sopra Minerva créé à cette occasion par Paul IV et est fait grand inquisiteur en 1558 par le même pape.
En 1559 il est transféré au diocèse de Mondovi. Il y mène une intense activité pastorale. Il se bat contre le duc de Savoie pour maintenir les privilèges de l'Église et protège les Barnabites, de fondation récente (1553).
Pendant le concile de Trente, il reste fidèle au clan Carafa.
Dès lors on vit briller en lui toutes les vertus apostoliques, surtout l'amour des pauvres et des humbles. Peu de temps après, l'évêque était cardinal. Il n'accepta des exigences de sa dignité que ce qu'il ne pouvait éviter ; son palais ressemblait à un couvent, sa vie à celle d'un moine. Jamais plus grande violence ne lui fut faite que quand on lui imposa de force la charge du souverain pontificat, à la mort de Pie IV, le 7 janvier 1566 et couronné le 19. Le conclave n'a duré que 18 jours. Il prit le nom de Pie V.
Dès son élection, il s'emploie à réduire le luxe et la dissipation à la cour pontificale. Sa première cible est la collection de statues gréco-romaines du Belvédère, qu'il considère comme des idoles. Les statues sont cachées au public et les plus sensuelles transférées au Capitole.
Il entreprend également de réformer la Curie romaine. Il modifie la daterie, chargée de la concession des bénéfices ecclésiastiques, et la Pénitencerie apostolique. En 1569, Il met fin à la controverse sur la primauté de construction des deux basiliques du Latran et du Vatican en accordant celle-ci à l'église du Latran.
Peu de Papes ont vu autour d'eux le rayonnement de plus grands saints et de plus grands hommes ; c'était le temps où vivaient les saints Jean l'Aumônier, Thomas de Villeneuve, Jean de Dieu, Jean de la Croix, François de Borgia, Louis de Gonzague, Stanislas Kostka, Charles Borromée et sainte Thérèse d’Avila.
Le grand événement de son règne fut la victoire de Lépante, dont il eut la révélation à l'heure même où elle fut remportée.
Pie V meurt le 1er mai 1572 de la maladie de la pierre. Ses réformes ont engagé l'Église sur une voie nouvelle et opéré un redressement moral de l'institution ecclésiale.
Il sera béatifié par Clément X en 1672 et canonisé par Clément XI le 4 août 1712.